L’écologiste Jérémie Iordanoff élu vice-président de l’Assemblée grace aux divisions à droite et au centre

23 octobre, 2024 / Entrevue

Ce mardi soir, après une journée marquée par des tensions et des rebondissements, Jérémie Iordanoff, député écologiste, a été élu vice-président de l’Assemblée nationale avec 175 voix. Il succède ainsi à Annie Genevard (LR), qui a quitté son poste après avoir été nommée au ministère de l’Agriculture. Cette élection, largement facilitée par les divisions internes à droite et chez les macronistes, renforce la majorité du Nouveau Front Populaire (NFP) au sein du bureau de l’Assemblée nationale.

Une victoire sur fond de divisions

Ce siège, autrefois détenu par Les Républicains (LR), aurait pu rester dans leur camp si la droite n’avait pas été fragilisée par des désaccords internes, exacerbés par les tensions au sein de la coalition gouvernementale. Virginie Duby-Muller, candidate des Républicains, n’a pas réussi à s’imposer, ne récoltant que 161 voix. La députée de Haute-Savoie a souffert de la défection du MoDem, qui a présenté son propre candidat, et du manque de soutien de certains députés macronistes.

Le MoDem, mécontent de la répartition des postes au sein de l’Assemblée nationale, a aligné Christophe Blanchet, député du Calvados, comme candidat de dernière minute, fragilisant davantage les chances de la candidate LR. « Nous ne sommes pas représentés au bureau, cela doit changer », a déclaré Richard Ramos, député MoDem, illustrant les frustrations qui couvent au sein de la majorité.

Une stratégie qui profite à la gauche

Cette fracture au sein du du bloc central (composé de LR, Renaissance, Horizons et MoDem) a ouvert un boulevard à Jérémie Iordanoff. Les divisions à droite et chez les macronistes ont permis à la gauche, déjà majoritaire au sein du bureau de l’Assemblée, de consolider encore davantage sa position. Jean-Luc Mélenchon, chef de file du Nouveau Front Populaire, a immédiatement salué cette victoire sur le réseau social X, qualifiant ce résultat de « nouveau signe du basculement politique ».

L’élection de Jérémie Iordanoff s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes au sein de la coalition gouvernementale. En début de semaine, la désunion autour de la présidence de la commission des affaires économiques, attribuée à l’insoumise Aurélie Trouvé grâce à une manœuvre de Laurent Wauquiez, avait déjà laissé des traces. Malgré des tentatives de réconciliation lors d’un cocktail dînatoire organisé par Nathalie Delattre, ministre des Relations au Parlement, les divergences se sont confirmées au moment du vote.

Un avertissement pour Michel Barnier

Cette élection est aussi une mise en garde pour Michel Barnier, dont le gouvernement s’apprête à affronter l’épreuve de l’examen du budget 2025. Le résultat de ce vote montre à quel point les fragilités internes de la majorité peuvent affaiblir la capacité du gouvernement à maintenir une cohésion politique solide.

Si certains élus LR ont critiqué Laurent Wauquiez pour avoir, selon eux, compromis la réélection de Virginie Duby-Muller, les macronistes pointent du doigt une gestion chaotique des alliances à droite. « Laurent Wauquiez ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Il a mis en danger sa propre vice-présidence », a commenté un député proche du gouvernement, illustrant les divisions profondes qui menacent l’unité au sein de l’Assemblée.

Avec cette victoire, le NFP prend une longueur d’avance dans la gestion de l’hémicycle, renforçant ainsi sa capacité d’influence dans les débats à venir.