Si le vendredi 13 est associé à un jour de malchance, ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. Preuve en est, la Française des Jeux organise régulièrement un Loto ou un EuroMillions ce jour-là. Et ça peut porter chance ! C’est notamment le cas de Pierre et Élise, un couple de quinquagénaires (leur prénom a été changé) qui a joué un vendredi 13 juste avant de partir en vacances, et qui a appris cinq semaines plus tard qu’il avait remporté 4,5 millions d’euros. Et pourtant, les chances étaient minces : la probabilité de remporter le jackpot du Loto est en effet de 1 sur 19 millions, et 1 sur 139 millions pour l’EuroMillions. Entrevue vous livre leur témoignage, recueilli par la FDJ…
Vous avez joué au Loto un vendredi 13. Vous êtes superstitieux ?
Pierre et Élise : Pas du tout ! Ce jour-là, on partait en vacances. On s’est dit : « Oh la la, il faut vite qu’on aille faire notre Loto », parce qu’on jouait toutes les cinq semaines. C’était notre petit rituel.
Et vous partez en vacances…
Oui, et on n’y pense plus du tout. On est restés 5 semaines en vacances avec notre ticket de Loto sans savoir qu’il valait 4,5 millions d’euros.
Et au retour des vacances, vous vérifiez votre ticket ?
Oui, on se rend au bureau de tabac et on le fait contrôler à la machine. Là, le buraliste nous dit qu’il y a un truc bizarre, qu’il faut ramener le ticket à la Française des Jeux… On demande combien on a gagné, et il nous répond qu’il croit qu’on a gagné 20 000 euros. On pensait acheter une nouvelle moto.
Et vous allez donc à la Française des Jeux ?
On y va une semaine plus tard. On n’était pas en stress car on pensait avoir gagné 20 000 euros. On arrive à la Française des jeux, une personne nous prend notre ticket et s’absente dix minutes. En revenant, elle nous dit : « Asseyez-vous ! » Et là, on se dit qu’on n’a peut-être pas gagné 20 000 euros…
Et comment vous apprenez le montant de votre gain ?
À ce moment-là, on nous demande si on veut connaître le montant verbalement ou par écrit. On leur demande de l’écrire. Donc l’hôtesse nous le note sur un papier, et là, heureusement qu’on était assis. Ça a été un bouleversement, un don du ciel, une chance folle. Les premières personnes à qui on pense, ce sont les proches qu’on a perdus. Beaucoup d’émotions se mélangent: la joie et la peur.
Vous avez touché l’argent tout de suite ?
Non, au bout d’une semaine, qui nous a paru très longue, d’autant qu’il faut garder le ticket nous-mêmes avant de recevoir le chèque. Du coup, on a planqué le ticket dans le placard où on met les bouteilles pour l’apéro. Après coup, on a réalisé qu’on avait laissé notre ticket dans la chambre d’hôtel pendant les vacances, et qu’on aurait pu le perdre mille fois…
Et après avoir appris la nouvelle, vous avez réussi à trouver le sommeil ?
On a passé trois mauvaises nuits. À ce moment-là, tout fusionne dans la tête, on se demande ce qu’on veut faire de cet argent, et on ne dort pas. On avait peur de changer de train de vie sans éveiller les soupçons. On avait plutôt une vie simple…
Quel est le premier achat que vous avez fait ?
On a changé de voiture. On est passé à une gamme supérieure, mais correcte. On ne s’imagine pas aller acheter notre baguette de pain en Ferrari. On veut rester comme on est. On peut se faire de beaux voyages, améliorer notre train de vie, mais sans être dans la démonstration. Si on veut rouler en Ferrari on la loue, on se fait plaisir, et on la rend.
Comment se sont passées vos premières courses ?
On était en mode décontractés. On se disait que tout ce qui nous plaisait, on pouvait l’acheter. C’était une joie. On a tourné une heure dans le magasin avec un caddie vide. On avait envie de pleurer. Mais on est repartis du magasin au bout d’une heure et demi avec une salade et une baguette de pain. Il y avait un trop-plein d’émotions. On n’a plus la peur de manquer, mais bizarrement, on achète au jour le jour. La seule différence est qu’on ne regarde plus les prix.
Et les restaurants ?
On n’a pas vraiment changé nos habitudes. On va dans les mêmes restaurants, mais on ne regarde plus les prix et on prend ce qu’on veut. Les chefs étoilés, c’est pas notre truc.
Qu’est-ce qui a le plus changé dans votre vie ?
Avant, on faisait un grand voyage tous les quatre ans. Maintenant, on fait deux voyages par an. On part plus loin qu’avant. On va beaucoup aux États-Unis, Punta Cana, l’Île Maurice… Lors de notre dernier voyage, on regardait la carte du monde dans l’avion pour savoir où on allait aller la prochaine fois. Mais on ne repart pas tout de suite. On aime rêver, donc si ça devient la routine, on ne rêve plus.
Vous allez dans des hôtels de luxe ?
Pas forcément. On garde les mêmes habitudes. On allait dans des hôtels plutôt bas de gamme et on continue comme ça. On est bien accueillis, on a l’impression d’être en famille. On ne veut pas changer notre façon d’être…
Ce gain, c’est arrivé à un bon moment pour vous ?
Élise : Oui. Moi j’étais commerçante, et j’avais fermé ma boutique. Donc c’est tombé au bon moment, car si on n’avait pas gagné, on aurait galéré.
Vous continuez à travailler ?
Pierre : Oui, pour ma part, je continue à travailler. Ça se passe mieux, car je n’ai plus de pression. Je suis serein.
Ce n’est pas dur de se lever le matin pour travailler alors qu’on n’en a pas besoin ?
Pierre : J’ai a besoin de garder un lien social. Couper les ponts, c’est difficile. Bientôt, je partirai à la retraite, et là, je profiterai de la maison qu’on est en train de faire construire.
Et vous, Élise ?
Élise : Je suis une folle des chevaux, donc j’ai acheté un cheval et j’ai repris ma passion.
Comment avez-vous annoncé à vos proches que vous aviez gagné au Loto ?
Au travail, personne ne le sait. C’est mieux comme ça. La famille proche est au courant, mais elle ne connaît pas le gain. On n’a pas annoncé la vraie somme pour ne pas affoler tout le monde.
Et les amis ?
Personne n’est au courant, sauf les amis très poches. C’est difficile de le dire, car on a peur de la réaction. On se demande si nos amis vont nous regarder différemment. On a mis un peu de temps à l’annoncer, et on l’a dit à un couple d’amis.
Comment ça s’est passé ?
On a sorti les coupes de champagne et on leur a dit. Ils sont super bien réagi, nous ont dit qu’ils étaient très heureux pour nous et qu’ils auraient toujours le même regard sur nous. Ils avaient peur qu’on ne passe plus de temps avec eux et qu’on parte avec des gens riches…
C’est difficile de garder le secret pour soi ?
Garder ce poids, c’est compliqué. Il faut toujours inventer des scénarios. Donc ça fait du bien d’avoir un couple d’amis à qui on peut le dire.
Et au resto, qui paye ?
On fait comme avant, moitié-moitié. On se rabat sur les cadeaux, on essaye de leur faire quand même plaisir…
La Française des Jeux vous apporte un suivi ?
Oui, il y a des ateliers, et c’est génial. Ça permet de discuter avec des personnes qui sont dans notre cas. On partage nos expériences. C’est très important. On ne dirait pas, mais on est étouffés par cet argent. Donc ces ateliers permettent aux anciens gagnants de donner des conseils aux nouveaux riches… Et on se fait des copains aussi. C’est un petit peu notre deuxième famille. On en a vraiment besoin, c’est notre bouffée d’oxygène.