Le spectre de la haine : l’antisémitisme triple au Royaume-Uni et atteint des sommets en France

Entrevue 1

Depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël, les actes antisémites ont connu une recrudescence alarmante tant au Royaume-Uni qu’en France, déclenchant une vague d’inquiétudes à travers l’Europe. Selon un rapport publié mercredi par le Community Security Trust (CST), une association communautaire britannique, plus de 5000 incidents antisémites ont été recensés au Royaume-Uni au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre est trois fois supérieur à celui de l’année précédente et constitue un record historique. Londres concentre la majorité de ces incidents, principalement des agressions verbales, des menaces, et quelques actes d’une violence extrême. Un quart de ces agressions ont été commises dans le mois suivant l’attaque du 7 octobre, qui a fait plus de 1200 victimes civiles en Israël.

En parallèle, la France n’est pas épargnée par cette montée de l’antisémitisme. Les chiffres collectés par la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT) pour le ministère de l’Intérieur révèlent une augmentation de 192 % des actes antisémites pour le premier semestre 2024 par rapport à l’année précédente. En seulement six mois, 887 faits antisémites ont été enregistrés, dont 563 agressions physiques. Ces chiffres mettent en évidence une tendance inquiétante où, bien que les Juifs représentent moins de 1 % de la population française, ils sont la cible de 57 % des agressions racistes et antireligieuses. Les faits racistes et antimusulmans ont également connu une hausse, bien que moins prononcée que celle de l’antisémitisme.

La situation est d’autant plus préoccupante que ces actes sont souvent liés à la situation géopolitique au Moyen-Orient. En France, plusieurs incidents antisémites sont motivés par un ressentiment exprimé à l’égard de la Palestine et du conflit israélo-palestinien. Les agresseurs, souvent radicalisés ou influencés par des discours islamistes, établissent un lien direct entre les communautés juives et la politique israélienne, ce qui alimente une judéophobie croissante. Des agressions violentes, telles que celle d’un homme attaqué à la sortie d’une synagogue à Paris en mars dernier, témoignent de la dangerosité de cette confusion entre Israéliens, Juifs et sionistes.

Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer a fermement condamné cette résurgence de l’antisémitisme, promettant des actions concrètes pour enrayer cette haine. En France, la situation est plus complexe, avec un débat politique qui peine à trouver des solutions efficaces face à la montée des violences. Emmanuel Macron avait annoncé en 2019 un audit sur le nombre d’enfants juifs quittant l’école publique, mais à ce jour, cette étude n’a toujours pas été réalisée, révélant l’inertie des autorités face à ce fléau grandissant.

L’explosion de l’antisémitisme en France et au Royaume-Uni depuis le 7 octobre met en lumière les tensions communautaires exacerbées par les événements internationaux, laissant craindre une dégradation encore plus marquée de la situation dans les mois à venir.

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