Le Service National Universel (SNU) : un dispositif coûteux et critiqué par la Cour des comptes

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Cinq ans après le lancement du Service National Universel (SNU), l’heure est au bilan. La Cour des comptes a rendu un rapport sévère, estimant que ce dispositif phare du président Emmanuel Macron est trop coûteux et manque de clarté dans ses objectifs.

Des objectifs incertains et une mixité sociale non atteinte

Dans son rapport de 66 pages publié le 13 septembre, la Cour des comptes souligne que les objectifs du SNU demeurent incertains et sont mal compris par le grand public. « Destiné à succéder au service militaire, le SNU en est finalement éloigné, tant dans son format que dans ses objectifs », constate l’institution.

La mixité sociale, l’un des piliers du SNU, n’a pas été atteinte. Selon une enquête de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), seuls 5% des participants sont issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville. À l’inverse, les enfants de cadres et de familles liées aux forces de l’ordre sont surreprésentés. Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, déplore que « ça ne touche pas tous les jeunes, la mixité sociale est extrêmement faible ».

Initialement conçu pour être obligatoire pour tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans, le SNU repose actuellement sur le volontariat. La généralisation obligatoire prévue pour la rentrée 2026 concernerait environ 800 000 jeunes par an. Cependant, la Cour des comptes avertit que cette généralisation « représenterait une prise de risque majeure », notamment en raison des difficultés d’ordre disciplinaire et de l’accueil de jeunes potentiellement réticents.

Le coût du SNU est un autre point de préoccupation majeur. Estimé à plus de 10 milliards d’euros par la Cour des comptes, ce montant englobe les coûts de fonctionnement et les dépenses annexes. « Un dispositif sans pilotage budgétaire et dont le coût est largement sous-estimé », souligne le rapport. En 2024, le budget consacré au SNU devrait atteindre 160 millions d’euros, contre 30 millions en 2020, une croissance jugée insoutenable dans le contexte actuel de restrictions budgétaires.

Des problèmes de gouvernance et des incidents préoccupants

La gouvernance du SNU est également critiquée. Le pilotage interministériel, censé être partagé entre les ministères de la Jeunesse et des Armées, reste symbolique du côté de la Défense. Les partenaires associatifs et les collectivités territoriales n’ont pas été suffisamment impliqués dans la mise en œuvre du dispositif.

Des incidents ont été signalés lors des séjours de cohésion. En 2023, 33 jeunes ont été exclus pour agressions, et 17 cas d’agressions ou de harcèlement de la part d’encadrants ont été recensés. Ces problèmes soulèvent des questions sur la formation et l’accompagnement des personnels encadrants, souvent jugés insuffisants.

Face à ces constats, la Cour des comptes recommande de clarifier les objectifs du SNU et de repenser sa gouvernance. Elle suggère également de créer un pilotage ministériel adapté et d’élaborer une stratégie claire pour le recrutement et la formation des encadrants.

La généralisation du SNU dans sa forme actuelle est jugée prématurée et risquée. Avant d’engager des dépenses supplémentaires, il est impératif de réévaluer le dispositif pour s’assurer qu’il répond effectivement aux besoins des jeunes et de la société.

Le SNU, présenté comme un « projet de société » et un symbole fort du quinquennat d’Emmanuel Macron, est aujourd’hui confronté à de sérieuses remises en question. Entre des objectifs flous, une mixité sociale non réalisée, des coûts exorbitants et des problèmes de gouvernance, le dispositif doit être profondément réévalué pour assurer sa viabilité et son efficacité à long terme.

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