Le Rassemblement National (RN) n’a pas réussi à abroger la réforme des retraites lors de la journée qui lui était consacrée à l’Assemblée nationale. Jeudi, la proposition de loi visant à “restaurer un système de retraite plus juste”, soutenue par Marine Le Pen, a été rejetée par 197 voix contre 119 après des débats houleux.
À l’origine, le texte proposait de ramener l’âge légal de départ à la retraite de 64 à 62 ans et de réduire la durée de cotisation de 43 à 42 annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Cependant, ces mesures ont été supprimées en commission, empêchant toute véritable abrogation de la réforme. Malgré le dépôt d’amendements de rétablissement par les députés RN, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a jugé ces propositions irrecevables en vertu de l’article 40 de la Constitution, qui interdit tout amendement entraînant une diminution des ressources publiques ou une augmentation des charges.
Le débat a été marqué par des accusations d’opportunisme et de posture politique. Les députés de la gauche et de l’extrême gauche, qui ont voté contre le texte, ont reproché au RN d’instrumentaliser le sujet des retraites pour marquer des points politiques sans réelle intention de faire aboutir la proposition. Marine Le Pen, présidente du groupe RN, a toutefois affirmé que “parler de la retraite n’est jamais une perte de temps”.
Malgré cet échec, le Rassemblement National a annoncé qu’il soutiendra la prochaine proposition de loi du Nouveau Front Populaire (NFP), portée par La France Insoumise (LFI), qui sera débattue le 28 novembre. Si les voix du RN se joignent à celles de la gauche et de certains députés du groupe LIOT, il pourrait exister une majorité pour abroger la réforme des retraites. Toutefois, cette abrogation ne serait qu’en première lecture et n’aurait pas d’effet immédiat.
Jean-Philippe Tanguy, vice-président du groupe RN, a confirmé cet engagement : “Le NFP proposera l’abrogation des retraites dans sa propre niche fin novembre. Et nous, on le soutiendra.” Quant à Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, elle a reconnu l’importance de ce soutien : “Il y aura une majorité dans cet hémicycle, avec les Liot, les LR réticents et les députés RN présents.”
Ainsi, le 28 novembre marquera un nouvel acte dans le bras de fer sur les retraites. Si cette alliance inattendue tient, le chemin vers une possible abrogation pourrait se dessiner, révélant à nouveau les lignes de fracture et les convergences parfois surprenantes au sein de l’hémicycle.