Le RN appelle les syndicats à soutenir sa loi d’abrogation des retraites

04 octobre, 2024 / Entrevue

Le 31 octobre prochain, le groupe parlementaire du Rassemblement national (RN) présentera une proposition de loi à l’Assemblée nationale visant à abroger la réforme des retraites adoptée en 2023. Cette initiative s’inscrit dans la « niche parlementaire » du RN, journée au cours de laquelle le groupe dirigé par Marine Le Pen pourra soumettre des textes au débat. Cependant, malgré ses 126 députés, le RN est conscient qu’il sera difficile d’obtenir le soutien des autres groupes politiques, même de ceux qui s’opposaient à la réforme.

Face à cette réalité, le RN a décidé de solliciter le soutien des syndicats. Thomas Ménagé, député RN du Loiret, a adressé un courrier à l’ensemble des syndicats qui se sont mobilisés contre la réforme en 2023, notamment la CGT, FO, CFDT et CFTC. Le contenu de cette lettre, que Le Parisien a pu consulter, invite les syndicats à soutenir, « par tous les moyens possibles », la proposition de loi du RN visant à abroger la réforme.

Un appel à l’unité contre une réforme impopulaire

Dans sa lettre, Thomas Ménagé met en avant le rejet massif de la réforme au sein de la population française, évoquant un « traumatisme » social et rappelant que « deux tiers des Français y étaient opposés ». Il insiste sur les conséquences négatives de cette réforme pour les travailleurs proches de la retraite, et appelle les syndicats à ne pas laisser « des motifs politiciens » les empêcher de défendre les intérêts de leurs adhérents.

Le RN propose ainsi de revenir à un âge légal de départ à 62 ans et à une durée de cotisation de 42 annuités pour le régime général. Le texte prévoit également un départ anticipé à 60 ans pour les carrières longues ayant commencé avant 20 ans.

Une tentative de dialogue social avant une éventuelle prise de pouvoir

Malgré les tensions historiques entre le RN et les syndicats, Thomas Ménagé affirme vouloir instaurer un dialogue social : « Autant commencer à travailler d’ores et déjà ensemble, si dans un an ou plus, on arrive au pouvoir », a-t-il déclaré au Parisien. Il espère ainsi que les syndicats ne manqueront pas « le coche du 31 octobre ».

Toutefois, cette ouverture semble peu probable. À ce jour, le RN n’a reçu aucune réponse des organisations syndicales, et les relations entre les deux camps restent tendues. Historiquement, les syndicats voient dans les revendications nationalistes du RN, telles que la « priorité nationale », une menace pour la solidarité entre travailleurs, un principe central de leur engagement.

Le spectre des élections présidentielles de 2022

Ce n’est pas la première fois que le RN tente de courtiser les syndicats. Lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait tenté de se présenter comme une défenseure du dialogue social, en opposition à Emmanuel Macron, accusé de l’avoir « tué ». Néanmoins, la majorité des syndicats avaient appelé à voter contre l’extrême droite, certains en soutenant explicitement Macron.

Le contexte de 2023 a également exacerbé cette opposition. Plusieurs syndicats avaient vivement critiqué le RN, allant jusqu’à lui déconseiller de participer aux manifestations contre la réforme des retraites. Marine Le Pen avait alors répondu en affirmant que son parti se moquait de leur « adoubement », se considérant légitime car « élue par les Français ». Ces attaques mutuelles montrent que le fossé reste large entre le RN et les syndicats, même si le parti tente à nouveau d’ouvrir une porte à la collaboration.

Le 31 octobre sera donc une journée décisive, bien que les chances que les syndicats s’alignent sur la proposition de Marine Le Pen semblent minces.