Le retour du Parti Socialiste

Entrevue 1

Longtemps considéré comme une force politique en déclin, le Parti socialiste (PS) a connu une résurgence inattendue à l’issue du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a salué le succès du Nouveau Front populaire (NFP) et la position centrale du PS au sein de ce bloc de gauche. Cette renaissance marque un tournant pour un parti souvent qualifié de « astre mort » depuis 2015.

Affaibli après le quinquennat de François Hollande et une performance désastreuse d’Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022 (1,75 % des voix), le PS semblait en voie de disparition. Cependant, les résultats des législatives anticipées de 2024 révèlent un PS revigoré, occupant une place stratégique sur l’échiquier politique français.

Une stratégie de discours apaisé

Avec 64 sièges obtenus dans le nouvel hémicycle, juste derrière La France insoumise (LFI) qui en compte 71, le PS pourrait voir ses rangs grossir grâce à des ralliements d’élus divers gauche lors de la constitution officielle des groupes politiques. Olivier Faure a insisté sur l’importance de l’unité au sein du NFP, évoquant une collaboration inclusive de figures allant de Jean-Luc Mélenchon à François Hollande.

Face à la montée des tensions dans le débat public, le PS a opté pour une approche apaisée. Le politologue Olivier Rouquan note que le PS a su capter un électorat en quête d’une gauche moins radicale que LFI. Cette stratégie a permis au PS de se démarquer et de capitaliser sur son implantation territoriale, solide avec plus de 60 sénateurs, 23 présidences de départements, et quatre régions.

Une cohésion interne retrouvée

Le PS a également réussi à mettre en sourdine les rivalités internes qui l’ont secoué ces derniers mois. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, et Nicolas Mayer-Rossignol, ancien rival d’Olivier Faure, ont cessé les hostilités, renforçant ainsi la position du premier secrétaire. Nicolas Mayer-Rossignol s’est même affiché aux côtés d’Olivier Faure et des autres cadres du PS, symbolisant une unité retrouvée.

Des défis et des perspectives

Bien que le PS ait doublé son nombre de députés, atteignant 64 sièges, il reste minoritaire avec seulement 10-12 % des 577 sièges de l’Assemblée nationale. Philippe Aldrin, professeur de science politique, souligne que le PS est principalement soutenu par des logiques de coalition et de report de voix, notamment pour faire barrage au Rassemblement national (RN).

Selon Aldrin, le PS pourrait devenir un pivot ou un interlocuteur clé pour une coalition plus large au-delà du NFP, mais il ne s’agirait pas d’un retour à sa grandeur passée. Néanmoins, ce succès législatif garantit au PS une augmentation significative de son financement public, chaque député rapportant environ 37 000 euros et chaque voix au premier tour, 1,61 euro. Cela assurera au PS une « respiration » financière cruciale pour ses futures actions.

Conclusion

Le Parti socialiste, grâce à sa participation au Nouveau Front populaire et à une stratégie de discours apaisé, a réussi à retrouver une place importante sur la scène politique française. Malgré les défis à venir, cette résurgence offre au PS une opportunité de se repositionner et de jouer un rôle clé dans la recomposition de la gauche française.

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