Oscars 2025 – Retour sur la performance de Jacques Audiard, auréolé de sept prix

Entrevue 1

Le film Emilia Perez du réalisateur français Jacques Audiard a dominé la cérémonie annuelle des César en remportant sept prix, et ce, à seulement deux jours des Oscars, où il est en lice malgré la controverse entourant son actrice principale.

Ces récompenses ont une saveur de revanche pour ce film spectaculaire, réalisé dans le style des œuvres d’opéra, en espagnol, avec les stars internationales Zoe Saldana et Selena Gomez, ainsi que l’actrice principale, l’Espagnole transgenre Carla Sofia Gascon, qui tient le rôle central. L’histoire du film tourne autour de la transition d’un narcotrafiquant mexicain. Il a été salué au Festival de Cannes, où ses actrices ont reçu un prix collectif pour la meilleure performance féminine.

Le film a également décroché 13 nominations aux Oscars, un record pour une production non anglophone.

En recevant ses César, Jacques Audiard, 72 ans, a remercié son casting en déclarant : « J’ai adoré travailler avec vous, je vous aime. » Il a ajouté : « Merci de m’avoir trouvé. » Il a aussi évoqué « le plaisir de se cacher et la peur d’être découvert ». Audiard devient ainsi l’un des cinéastes les plus récompensés de l’histoire des César, ayant déjà été primé pour De rouille et d’os, Les Frères Sisters, Un prophète et De battre mon cœur s’est arrêté.

Par ailleurs, Camille et Clément Ducol ont remporté le prix de la meilleure musique originale pour Emilia Perez.

Des tweets racistes refont surface

Jacques Audiard a toutefois été frappé par une polémique, après la résurgence d’anciens tweets racistes publiés par Carla Sofia Gascon il y a plusieurs années, ce qui pourrait compromettre ses chances aux Oscars. Le réalisateur a nié toute association avec ces déclarations et a pris ses distances. Gascon était d’ailleurs nommée pour le César de la meilleure actrice, aux côtés de Zoe Saldana, et a assisté à la cérémonie à l’Olympia de Paris.

Les blockbusters boudés par les César

Les César de cette année ont ignoré plusieurs films à succès du box-office français, notamment Le Comte de Monte-Cristo et L’amour ouf, qui ont cumulé plus de 14 millions d’entrées. De même, la comédie Un p’tit truc en plus d’Artus, qui a attiré 10,8 millions de spectateurs et était en lice pour le prix du meilleur premier film, est repartie bredouille. Ce prix a été attribué à Vingt dieux.

Prix du meilleur acteur

Le César du meilleur acteur a été décerné à Karim Leklou pour son rôle d’homme fragile et père adoptif dans Le roman de Jim, réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Dans son discours, il a rendu hommage « à tous les hommes bienveillants, ceux qui ne gagnent pas habituellement des César », apportant une touche d’émotion à une soirée également marquée par un soutien à l’Ukraine, incarné par Catherine Deneuve arborant un ruban aux couleurs du drapeau ukrainien.

Prix de la meilleure actrice pour Hafsia Herzi

L’actrice et réalisatrice Hafsia Herzi, 38 ans, née en France d’un père tunisien et d’une mère algérienne, a remporté le César de la meilleure actrice pour son rôle de gardienne de prison dans le thriller corse Borgo.

Julia Roberts, invitée de prestige

L’actrice américaine Julia Roberts a apporté une touche de glamour à la cérémonie. Radieuse, la star de 57 ans a reçu un prix des mains de Clive Owen, son partenaire dans Closer (2005), et a déclaré avec un grand sourire : « Aujourd’hui, ma vie est un rêve. »

Costa-Gavras honoré

Les César ont également remis le prix Bertrand Tavernier au cinéaste engagé Costa-Gavras, 92 ans, président de la Cinémathèque française, en reconnaissance de sa carrière marquée par des films politiques, notamment Z. Il a rendu hommage à la France, son pays d’adoption, en déclarant : « Une France accueillante et humaniste, qui rejette toutes les dictatures et toutes les formes de haine. »

Mise en lumière de jeunes talents

Pour leur 50ᵉ édition, les César ont mis en avant de jeunes talents. Parmi eux, l’acteur guinéen Abou Sangaré, ancien sans-papiers ayant régularisé sa situation après le succès de L’histoire de Souleymane, où il joue un livreur à vélo. Ce film indépendant a rassemblé 600 000 spectateurs et remporté quatre César, dont celui du meilleur scénario original et du meilleur second rôle féminin pour Nina Meurisse.

Dans la catégorie féminine, Maïwenn Barthélémy, une étudiante en agriculture de l’est de la France, a été sacrée meilleure espoir féminin pour son rôle dans Vingt dieux. Elle s’est dite « fière de représenter la profession d’agriculteur ».

Thumbnail