Le projet de Macron pour une Maison des mondes africains à Paris fait débat

21 novembre, 2024 / Alice Leroy

La Maison des mondes africains (MansA), initiative culturelle majeure voulue par Emmanuel Macron pour valoriser la création contemporaine africaine, est au centre de controverses politiques et institutionnelles. Validée en octobre dernier, son implantation au sein de la Monnaie de Paris, un site historique et industriel du VIe arrondissement, suscite de vives oppositions. Selon l’AFP, des syndicats de la Monnaie dénoncent un manque de synergie entre les deux institutions et craignent une privation de salles nécessaires à leur fonctionnement autofinancé. Certains redoutent même que l’arrivée de la MansA ne remette en cause l’identité culturelle et économique du lieu, rouvert en 2017 après 80 millions d’euros de travaux autofinancés.

Malgré ces réticences, le projet avance sous la direction de Liz Gomis, avec le soutien de l’universitaire camerounais Achille Mbembe, co-initiateur du projet avec Emmanuel Macron. Prévue pour occuper 1 000 m², bien loin des 17 000 m² de l’Institut du monde arabe, la MansA bénéficie d’un budget de 2,1 millions d’euros alloué par le ministère de la Culture pour 2025, complété par des financements des Affaires étrangères. Pourtant, des ajustements budgétaires pourraient réduire ses moyens, selon une source gouvernementale relayée par l’AFP.

La dimension politique du projet amplifie les tensions. Le Rassemblement national qualifie l’initiative de « destruction culturelle » et l’associe à une « repentance » excessive envers l’Afrique, tandis que les élus communistes de Paris y voient une menace pour la cohérence des activités historiques de la Monnaie. Liz Gomis défend toutefois bec et ongles l’importance d’un lieu à Paris pour promouvoir la diversité et les diasporas africaines, soulignant auprès de l’AFP l’angle mort existant en France sur ces thématiques. Tandis que l’Élysée garde le silence, le débat sur la MansA illustre les difficultés d’un projet qui se veut à la croisée des cultures et des politiques publiques.