Le pacte secret : comment Macron et Le Pen ont conclu un accord pour la nomination de Barnier

08 septembre, 2024 / Entrevue

Ennemis politiques de longue date, d’après les informations du JDD, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont pourtant orchestré en secret un accord inattendu pour la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre. Derrière ce revirement se trouve un homme de l’ombre, Thierry Solère, conseiller influent du président, qui a joué un rôle de médiateur clé entre les deux camps.

Un pacte négocié en silence

Le point de départ de cette manœuvre politique remonte à une semaine tendue à l’Élysée. Macron se retrouvait dans une impasse : l’opposition du Rassemblement National (RN) menaçait la nomination de tout candidat à Matignon venu de la droite traditionnelle. Le cas de Xavier Bertrand en est la preuve, éliminé de la course à cause de l’opposition de Marine Le Pen.

C’est là que Solère entre en scène. Proche du président, il prend contact avec les représentants du RN, y compris Marine Le Pen, pour tester la faisabilité d’un compromis autour de Michel Barnier, une figure respectée au sein du parti. Malgré les réticences initiales, le profil de Barnier, vu comme un homme « respectable » et modéré par rapport aux attentes du RN, finit par séduire Le Pen.

Mercredi soir, tout semble en bonne voie. Barnier est pressenti pour être nommé, mais une sortie de route vient troubler ce plan. Jean-Philippe Tanguy, député du RN, critique sévèrement Barnier, le qualifiant de « fossile » et « homme politique stupide ». L’incident provoque une véritable panique à l’Élysée, où l’on craint que cette nomination soit torpillée dès ses premiers jours.

Le coup de téléphone décisif

Macron, inquiet de la tournure des événements, décide d’appeler directement Marine Le Pen. Celle-ci prend ses distances avec les propos de Tanguy, allant jusqu’à l’obliger à présenter des excuses publiques. Le deal est alors scellé : pas de censure contre Barnier avant son discours de politique générale. En échange, le président promet de ne pas céder à des propositions qui pourraient braquer l’électorat du RN.

Si cet accord a permis à Barnier de prendre les rênes de Matignon, il ne durera pas. En coulisses, Marine Le Pen et son parti se préparent déjà à prendre leurs distances. Le soutien passif du RN s’érodera avec les premières décisions budgétaires. Le Pen, qui reste méfiante vis-à-vis de Macron, n’a aucune intention de s’associer à la fin du quinquennat, qu’elle juge vouée à l’échec.

Ce pacte, bien que crucial pour l’équilibre actuel du gouvernement, est donc condamné à être de courte durée, laissant présager de nouvelles turbulences politiques dans les mois à venir.