Depuis plusieurs mois, le Hezbollah est confronté à une vague de frappes ciblées qui ont décimé plusieurs de ses cadres dirigeants, dévoilant des brèches critiques dans son dispositif sécuritaire. Les récents assassinats de figures clés comme Hassan Nasrallah et Hashem Safi al-Din, ainsi que les frappes contre des infrastructures stratégiques, révèlent un mélange inquiétant de fuites internes et d’exploitation technologique par Israël.
Les révélations sur les fuites internes
Selon des informations divulguées par Asas Media, les fissures au sein de l’organisation remontent à l’implication de certaines figures clés, notamment dans l’unité stratégique des « emplacements » et celle des communications internes. L’une des révélations les plus marquantes concerne un certain Haj Hamza al-Sablani, responsable des données sur les emplacements secrets des dirigeants et des infrastructures de l’organisation. Ce dernier aurait transmis des informations vitales à Israël avant de fuir vers Paris.
L’unité des emplacements, dirigée par Mohammad Ali Bahsoon (alias Haj Adel, également assassiné), est au cœur de la planification et de la gestion des sites sécurisés du Hezbollah. Ces sites incluent les centres de commandement, les caches militaires et les refuges destinés à l’état-major en cas de guerre. Le rôle d’al-Sablani, combiné à des fuites dans d’autres unités stratégiques comme celle des communications, a exposé des sites jusqu’alors considérés comme inviolables, notamment le quartier général du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
Le Hezbollah a également subi un contrecoup sur le plan technologique. Les réseaux de communication interne, souvent vantés pour leur sécurité, ont été compromis. Un responsable de l’unité des communications aurait fui vers Israël, révélant des données sensibles sur les échanges internes de l’organisation. Cette situation a conduit les cadres dirigeants, notamment Nabil Qaouq, à limiter l’utilisation des réseaux filaires et à encourager le retour à des moyens de communication plus rudimentaires, tels que les appareils à ondes courtes. Cependant, même ces dispositifs se sont avérés vulnérables à des intrusions israéliennes.
Des assassinats stratégiques
Depuis novembre 2023, Israël a intensifié sa campagne d’assassinats ciblés, visant systématiquement des responsables de haut niveau. Les frappes, telles que celles ayant éliminé Ibrahim Aqil de l’unité Radwan et Talib Sami Abdullah de l’unité Nasr, mettent en lumière une capacité israélienne à identifier les cibles en temps réel. Par exemple, l’assassinat de membres de l’unité Radwan dans un bâtiment sécurisé à Beyrouth a confirmé une surveillance minutieuse des mouvements internes du Hezbollah.
L’attaque la plus significative a eu lieu en septembre 2024, lorsque le quartier général souterrain du Hezbollah à Haret Hreik, où se trouvaient Hassan Nasrallah et d’autres hauts responsables, a été ciblé par des frappes précises. Le niveau de détail fourni à l’armée israélienne, notamment sur les entrées, les sorties et même les systèmes de ventilation du bunker, suggère une infiltration à plusieurs niveaux, combinant espionnage humain et surveillance technologique avancée.
L’impact stratégique et la riposte attendue
Ces développements marquent un tournant pour le Hezbollah. L’organisation est désormais confrontée à la nécessité de revoir en profondeur ses mécanismes de sécurité et de reconstruire un système qui semble sérieusement compromis. La découverte de trahisons internes, notamment de figures comme Mohammad Salim, qui avait accès aux plans des systèmes de ventilation des bunkers, montre que les vulnérabilités ne sont pas seulement techniques mais aussi humaines.
Alors que le Hezbollah s’efforce de contenir les dommages, l’escalade des frappes israéliennes laisse entrevoir une stratégie visant à paralyser sa chaîne de commandement. La réaction de l’organisation, bien que discrète pour l’instant, pourrait se traduire par des ripostes ciblées ou une réorganisation massive pour regagner le contrôle de ses structures.
La bataille pour le secret est désormais au cœur de la survie du Hezbollah, dans un contexte où les enjeux géopolitiques au Liban et dans la région continuent de s’intensifier.