Ce samedi, Le Monde a publié un articleannonçant la mort de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, tué à 64 ans lors d’une frappe israélienne à Beyrouth. Bien que l’article reconnaisse la nature terroriste du Hezbollah, il passe étonnamment beaucoup de temps à décrire les aspects positifs de cet homme. En insistant sur son « charisme » et en dressant un portrait qui inclut sa « résistance héroïque » et son « intégrité personnelle », Le Monde prend le risque de minimiser la gravité des actes de Nasrallah et de peindre un tableau dangereusement équilibré d’un homme qui reste avant tout un chef terroriste.
Un équilibre trompeur entre violence et charisme
Certes, Le Monde précise que Nasrallah était à la tête d’une organisation qualifiée de terroriste par de nombreux pays, et que son rôle a été central dans des conflits destructeurs, comme la guerre de 2006 et l’intervention en Syrie aux côtés du régime Assad. Toutefois, l’article passe ensuite à une longue énumération de ses « réussites », son « charisme », et sa capacité à séduire les masses, allant jusqu’à le comparer à des figures historiques emblématiques comme Gamal Abdel Nasser ou Che Guevara. Cette insistance sur les qualités perçues de Nasrallah, sans contexte suffisant sur les horreurs qu’il a orchestrées, crée une impression dangereusement faussée.
En présentant Nasrallah comme une figure de résistance contre Israël, Le Monde semble oublier que cette résistance s’est souvent traduite par des actes terroristes, des attaques aveugles et la mort de civils innocents. Il est mentionné que le Hezbollah a mené une « résistance » qui a contraint les troupes israéliennes à se retirer du Liban en 2000, mais le prix à payer pour cette résistance est à peine abordé. Des milliers de vies ont été sacrifiées, et des populations civiles ont été traumatisées et déplacées à cause de cette « lutte ».
Le Monde met également en avant son « intégrité personnelle », soulignant son sacrifice familial et son mode de vie modeste en contraste avec la corruption de la classe politique libanaise. Ce portrait ne reflète qu’une partie de la réalité. Nasrallah, loin d’être simplement un homme humble, était le chef d’une milice armée composée de 100 000 combattants, dont les actions ont souvent servi des intérêts extérieurs au Liban, notamment ceux de l’Iran. Sous son commandement, le Hezbollah n’a pas hésité à semer la terreur au Liban même, notamment lors de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, et lorsqu’il a pris le contrôle de Beyrouth en 2008 par la force, prouvant qu’il n’était pas seulement un opposant à Israël mais aussi un facteur de chaos au sein de son propre pays.
Une façon de relater sui atténue les crimes
Le Monde présente Nasrallah comme un homme charismatique capable de mobiliser les jeunes et de galvaniser les foules. Mais à quel prix? Le Hezbollah, sous sa direction, a utilisé ces jeunes comme chair à canon, les enrôlant dans une guerre sans fin contre Israël, en Syrie, et même contre des rivaux internes au Liban. En glorifiant sa capacité à rassembler, l’article passe sous silence le caractère manipulateur de cette mobilisation : un engagement pour une idéologie extrémiste qui a coûté des milliers de vies.
En publiant un portrait qui balance entre les aspects « positifs » de Nasrallah et la réalité de ses actions terroristes, Le Monde prend le risque d’humaniser et de rendre trop complexe l’image d’un homme qui a perpétré des actes de violence extrême. La question n’est pas de nier qu’il ait eu du charisme ou de l’influence, mais de se demander si ces caractéristiques méritent d’être mises en avant au même titre que ses actions violentes. En fin de compte, Nasrallah reste un terroriste responsable de la mort de 58 parachutistes français et de milliers d’autres vies, un homme qui a fait régner la peur et la terreur pour atteindre ses objectifs.
Il est crucial que les médias, lorsqu’ils relatent la mort de figures comme Hassan Nasrallah, ne perdent pas de vue l’impact de leurs mots sur l’opinion publique. En soulignant des qualités qui pourraient faire passer Nasrallah pour un héros aux yeux de certains, Le Monde se rapproche dangereusement de la complaisance. Ce chef du Hezbollah n’était pas seulement un leader influent : il était avant tout un terroriste, et c’est ce qu’il faut retenir pour respecter la mémoire de ses victimes.