Le Hezbollah rejette les conditions israéliennes pour une trêve au Liban

21 novembre, 2024 / Entrevue

Le chef du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a affirmé mercredi que le mouvement pro-iranien ne consentirait à aucun cessez-le-feu si celui-ci devait compromettre la souveraineté du Liban. Alors que des négociations ont lieu entre l’envoyé spécial américain Amos Hochstein et les autorités libanaises, Naïm Qassem a averti qu’Israël « ne peut imposer ses conditions ». Ces déclarations interviennent dans un contexte de violence exacerbée, avec des bombardements israéliens intenses sur Beyrouth et des ripostes du Hezbollah visant le centre de Tel-Aviv.

Conflit ouvert et escalade militaire

La guerre entre Israël et le Hezbollah, déclenchée le 23 septembre 2024, a déjà causé la mort de plus de 3 550 personnes au Liban, majoritairement des civils, tandis que le bilan côté israélien s’élève à 79 militaires et 46 civils. Depuis le 30 septembre, l’armée israélienne mène des incursions dans le sud du Liban pour éloigner le Hezbollah des zones frontalières, ce qui a entraîné des déplacements massifs de populations des deux côtés.

Les tensions s’inscrivent dans un contexte régional déjà explosif, marqué par l’attaque du Hamas en octobre 2023, qui a déclenché une guerre dans la bande de Gaza. Le Hezbollah avait ouvert un front au Liban pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

Les États-Unis, par l’intermédiaire d’Amos Hochstein, ont proposé un plan en 13 points incluant une trêve de 60 jours et le déploiement de l’armée libanaise dans le sud, une zone contrôlée par le Hezbollah. Cependant, les exigences israéliennes, notamment une « liberté d’action » militaire contre le Hezbollah, rencontrent une vive opposition. Selon Naïm Qassem, le Hezbollah exige un arrêt total des « agressions » israéliennes et refuse toute présence militaire israélienne au Liban.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a néanmoins réaffirmé lundi la volonté d’Israël de continuer ses opérations militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve. Ce positionnement complique les négociations menées par Nabih Berri, président du Parlement libanais et principal interlocuteur du Hezbollah dans ce processus.

Naïm Qassem a averti qu’en cas d’échec des discussions, le Hezbollah était prêt à poursuivre le combat. Il a notamment menacé de viser « le centre de Tel-Aviv » si Beyrouth subissait de nouvelles frappes. Cette semaine, l’aviation israélienne a mené plusieurs raids sur la capitale libanaise, auxquels le Hezbollah a répondu par des tirs de missiles balistiques.

Un contexte humanitaire et géopolitique préoccupant

Sur le plan humanitaire, le conflit a aggravé une situation déjà critique au Liban, pays en crise économique profonde. Au sud du Liban, comme dans le nord d’Israël, les bombardements ont provoqué des déplacements massifs de population. La communauté internationale, menée par les États-Unis et la France, appelle à respecter la résolution 1701 de l’ONU, qui stipule le retrait du Hezbollah et des troupes israéliennes des zones frontalières.

Cependant, les récents vetos américains au Conseil de sécurité de l’ONU, empêchant une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat, compliquent les efforts pour une désescalade. Les critiques fusent contre Washington, accusé de soutenir inconditionnellement Israël dans ce conflit.

Alors que les négociations se poursuivent, Naïm Qassem a indiqué soutenir les efforts diplomatiques de Nabih Berri tout en affirmant que l’option militaire reste sur la table. Dans un climat de méfiance mutuelle et d’escalade, une résolution durable du conflit entre Israël et le Hezbollah semble encore hors de portée.