François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a exhorté ce mercredi les responsables politiques et les acteurs économiques à accepter les mesures d’économies envisagées dans le projet de budget 2025, afin de freiner l’envolée de la dette publique. Lors d’une intervention sur Franceinfo, il a mis en garde contre une attitude de refus face aux efforts nécessaires, qualifiant ce comportement de « jeu de chamboule-tout » avec les propositions d’économies.
« Tout le monde a tendance à vouloir faire des économies chez les autres tout en les refusant pour lui-même. Cela ne peut pas durer, sinon, nous resterons piégés dans cette spirale de la dette », a-t-il averti. Cette déclaration intervient alors que des critiques s’élèvent de divers horizons politiques, notamment des élus macronistes, qui dénoncent les hausses d’impôts de 20 milliards d’euros prévues dans le projet de loi de finances, ainsi que des PME et des collectivités locales opposées aux mesures qui les touchent.
François Villeroy de Galhau a rappelé la nécessité d’un effort collectif pour réduire les dépenses publiques, en soulignant que la France dépense 260 milliards d’euros de plus que ses voisins européens pour un modèle social comparable. « Il est temps que nous agissions collectivement, nous ne sommes pas moins capables que nos voisins qui ont réussi à réformer », a-t-il insisté.
Le gouverneur a également pointé du doigt un déficit qui s’est creusé de 100 milliards d’euros depuis le début de l’année, un chiffre qu’il a qualifié de « spectaculaire et mal venu ». Il a évoqué un « laisser-aller collectif » qu’il est urgent de corriger avant que la dette ne devienne incontrôlable.
Outre les enjeux budgétaires, Villeroy de Galhau a également abordé la question des taux d’intérêt, laissant entrevoir une possible baisse dans les mois à venir. Cette mesure, jugée « très probable », pourrait soulager l’économie en réduisant le coût des emprunts, notamment immobiliers. Selon lui, la lutte contre l’inflation porte ses fruits et les taux d’inflation devraient repasser sous les 2% en 2025.
Cependant, la proposition de budget 2025 est loin de faire l’unanimité, notamment auprès des collectivités locales. Le maire socialiste d’Issoudun, vice-président de l’Association des maires de France, a vivement critiqué les mesures, les qualifiant de « ponction sans précédent sur une seule année ».
Le bras de fer entre le gouvernement et les différents acteurs concernés ne fait que commencer, alors que chacun tente de défendre ses intérêts dans ce débat crucial pour l’avenir économique du pays.