Le « géant du barreau » Henri Leclerc s’est éteint à 90 ans

Entrevue 1

Le monde judiciaire français pleure la disparition d’Henri Leclerc, un éminent avocat et défenseur inlassable des droits de l’homme, décédé à l’âge de 90 ans ce samedi 31 août à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, des suites d’un AVC. Véritable pilier du barreau, Leclerc aura marqué l’histoire juridique de son empreinte indélébile, plaidant avec passion et humanité pendant plus de six décennies.

Né en 1934 dans une famille aux convictions contrastées – d’un père agnostique, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, et d’une mère profondément croyante – Henri Leclerc a grandi dans la banlieue parisienne de Sceaux. Dès son adolescence, il a développé une aversion profonde pour l’injustice, la peine de mort et l’État oppresseur, des convictions qui allaient nourrir toute sa carrière.

Féru d’Histoire et admirateur de figures telles que Victor Hugo, Leclerc a débuté sa carrière en se confrontant aux grandes affaires pénales, défendant des figures marquantes du milieu social et politique de l’époque. Il a notamment été le défenseur de militants du FLN pendant la guerre d’Algérie, des leaders étudiants de Mai 68, et de figures emblématiques comme Daniel Cohn-Bendit. Son engagement ferme à gauche ne l’a jamais quitté, le menant à défendre des causes sociales et des personnes marginalisées, avec un humanisme reconnu par ses pairs.

En tant que président de la Ligue des Droits de l’Homme de 1995 à 2000, puis président d’honneur, Henri Leclerc a continué à militer pour les libertés publiques et contre les injustices, hanté par le spectre de l’erreur judiciaire. Ce souci constant de justice et d’équité transparaissait dans chacune de ses interventions, que ce soit pour des criminels notoires, des militants politiques, ou encore des personnalités publiques comme Dominique de Villepin et Dominique Strauss-Kahn.

Henri Leclerc était réputé pour sa plaidoirie empreinte de sensibilité et de conviction. Malgré ses succès, il restait humble, préférant une éloquence sincère et discrète à toute forme d’artifice. Son départ marque la fin d’une époque pour le barreau français, laissant un vide immense dans le monde judiciaire. Plusieurs personnalités, dont l’ancien garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, ont salué sa mémoire, le qualifiant d' »infatigable défenseur des libertés ».

Jusqu’à sa dernière plaidoirie en décembre 2020, Leclerc est resté fidèle à ses principes, défendant l’idée que la vérité devait être établie avec rigueur et conscience. Pour beaucoup, il restera une référence, un modèle d’éthique et de dévouement. Henri Leclerc, l’homme qui croyait en la justice et en l’humanité, laisse derrière lui un héritage exceptionnel, à jamais gravé dans l’histoire du barreau français.

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