Le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé mercredi son inquiétude concernant la trajectoire budgétaire de la France, appelant à davantage de précisions sur les mesures de réajustement nécessaires pour éviter un dérapage de la dette à moyen terme. Alors que le projet de budget pour 2025 est en discussion à l’Assemblée nationale, l’institution de Washington a averti que, sans efforts supplémentaires, la dette publique pourrait atteindre 124,1 % du PIB en 2029, contre 112,3 % attendus à la fin de cette année.
Le FMI prévoit également que le déficit public se maintiendrait entre 5,8 % et 5,9 % du PIB d’ici 2029, bien au-delà des objectifs gouvernementaux. Ces projections ne prennent pas en compte les 60 milliards d’euros d’économies que le gouvernement Michel Barnier prévoit de réaliser dès 2025.
Des prévisions optimistes ?
Lors d’une conférence de presse, Vitor Gaspar, directeur du département des affaires budgétaires du FMI, a salué les efforts du gouvernement français mais a souligné la nécessité d’une « clarté accrue » sur les mesures concrètes de réduction des dépenses et d’augmentation des recettes. « La France doit démontrer de manière crédible qu’elle garde sa dette sous contrôle », a-t-il ajouté, tout en insistant sur l’importance de respecter les engagements européens.
Le FMI appelle à un équilibre entre consolidation budgétaire et soutien à la croissance. Le rapport met en avant l’importance des réformes structurelles pour soutenir l’emploi et améliorer la productivité. « Investir dans les personnes », par le biais de réformes de l’éducation notamment, est considéré comme crucial.
Cependant, des doutes subsistent sur la faisabilité des objectifs budgétaires du gouvernement. L’agence de notation Fitch prévoit par exemple un déficit de 5,4 % du PIB pour 2025, alors que l’exécutif table sur 5 %. La publication imminente de la nouvelle notation de la dette française par Moody’s, prévue ce vendredi, pourrait aggraver la pression sur les finances publiques.
Un défi pour la croissance
Au-delà des risques budgétaires, la France est confrontée à une décélération économique. Le FMI prévoit une croissance modérée de 1,1 % en 2024 et 2025, dans un contexte de ralentissement général de l’économie mondiale. La charge de la dette, actuellement le deuxième poste budgétaire après l’éducation, pourrait devenir le premier d’ici à 2027, pesant sur les marges de manœuvre du gouvernement.
Le dilemme pour Michel Barnier et son équipe est de taille : concilier les efforts de réduction de la dette et du déficit avec la nécessité de ne pas freiner la reprise économique.