Le désarroi des commerçant parisiens face aux dispositif de sécurité des JO

Entrevue 1

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, le centre de Paris est devenu une véritable forteresse, au grand dam des commerçants et restaurateurs locaux. Depuis la mise en place, le 18 juillet, des nouvelles mesures de sécurité, l’accès à certains quartiers centraux de la capitale est devenu un véritable casse-tête pour les touristes et les habitants. Selon Patrick Aboukrat, président du comité Marais, les commerçants qui s’étaient préparés pour une affluence touristique exceptionnelle déchantent face à une situation qui ne cesse de se détériorer.

Un impact dévastateur sur les affaires

Le syndicat des commerces de proximité, Procos, indique une légère augmentation de la fréquentation globale de Paris (+0,8 %) sur les quinze premiers jours de juillet par rapport à l’année précédente. Cependant, pour les établissements situés dans les zones sous haute sécurité, les chiffres d’affaires ont chuté de 30 %, voire jusqu’à 70 % dans des quartiers comme la place du Trocadéro. Les restaurateurs, hôteliers et gérants de boîtes de nuit font face à une situation alarmante, qui rappelle les périodes de reconfinement.

Confusion et restrictions

La confusion règne quant aux nouvelles règles de circulation. Les professionnels n’avaient pas anticipé l’ampleur des restrictions mises en place, notamment sur les bords de Seine, créant un climat d’incertitude. Patrick Aboukrat déplore le manque de clarté des normes et l’incapacité des gens à comprendre où et comment circuler. Paola Pellizzari, de l’association Au fil de l’eau, décrit l’île Saint-Louis comme « morte », avec des commerces désertés comme pendant la pandémie.

Fermetures et inquiétudes

De nombreux commerces préfèrent fermer plutôt que de risquer de se retrouver sans clients, comme c’est le cas autour de Notre-Dame où 90 % des brasseries et 80 % des autres commerces sont fermés. Patrice Lejeune, président de l’association des commerçants locaux, qualifie la situation de « catastrophe ». Pour ceux qui restent ouverts, l’activité est au ralenti, ajoutant aux difficultés d’un mois de juin déjà morose en raison de la météo et d’autres événements défavorables.

Doutes et espoirs déçus

Alors que les commerçants espéraient une manne financière grâce aux JO, nombreux sont ceux qui commencent à douter. Les délais pour obtenir les passes indispensables pour accéder aux zones sécurisées se sont allongés, créant une incertitude supplémentaire. Patrick Aboukrat exprime des inquiétudes pour les Jeux Paralympiques et la rentrée de septembre, craignant des blocages prolongés qui pourraient entraîner des défaillances parmi les commerçants.

Vers une compensation ?

Face à cette situation, certains commerçants envisagent de demander des compensations financières. Une commission d’indemnisation, promise en juin par Michel Cadot, délégué interministériel aux Jeux, pourrait les aider. Cependant, cette indemnisation ne serait disponible qu’après la période olympique et nécessiterait de prouver que le préjudice est « anormal et clairement lié aux Jeux ».

Dans l’incertitude et le désarroi, les commerçants parisiens attendent de voir si les promesses économiques des Jeux se réaliseront ou si elles resteront des illusions coûteuses.

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