Le déficit commercial français réduit en 2024, mais l’embellie reste fragile

Entrevue 1

En 2024, le déficit commercial français sur les biens a reculé à 81 milliards d’euros, marquant une amélioration notable par rapport aux 99,6 milliards d’euros enregistrés en 2023 et surtout au record de 164 milliards de 2022, sur fond de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l’énergie. Ce progrès apparent est cependant à relativiser : l’amélioration tient davantage à une forte baisse des importations qu’à un dynamisme des exportations.

Selon les douanes, les importations en valeur ont chuté de 4,5 %, notamment grâce à un recul de la facture énergétique de 13,3 milliards d’euros, tandis que les exportations ont légèrement baissé de 1,6 %, un recul attribué à la baisse des prix et aux mauvais résultats dans les secteurs de l’automobile et des composants électroniques. En revanche, les secteurs des parfums, cosmétiques, produits chimiques et de l’aéronautique ont contribué positivement, avec des excédents record.

Le gouvernement met en avant le plan « Osez l’export », lancé en 2023, qui vise à atteindre 200 000 entreprises exportatrices d’ici 2030. Grâce à des aides spécifiques et une collaboration entre Business France, Bpifrance et le Trésor, ce plan a permis une légère hausse du nombre d’exportateurs en 2024 (+ 5 600 sur un an). Cependant, cette dynamique reste encore insuffisante pour combler l’écart avec des économies comme l’Allemagne, où 1 % des entreprises dominent 70 % des exportations françaises.

En parallèle, les risques géopolitiques restent élevés, avec la menace de Donald Trump d’imposer de nouvelles taxes douanières à l’Europe. Les analystes craignent que la France ne subisse indirectement les effets de cette guerre commerciale, notamment via un afflux d’importations chinoises ou allemandes à bas coût, ce qui pourrait aggraver à nouveau le déficit commercial français.

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