Le chef de la diplomatie ukrainienne en Chine : Vers un Rôle de Médiateur dans le Conflit Ukrainien ?

23 juillet, 2024 / Entrevue

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a entamé ce mardi une visite en Chine, un allié de la Russie, pour discuter de solutions pacifiques au conflit entre Kiev et Moscou. Cette visite, la première de Kouleba en Chine depuis le début de l’invasion russe en février 2022, durera jusqu’à vendredi. Elle intervient dans un contexte de tensions diplomatiques, notamment après les critiques de l’OTAN envers l’aide économique de Pékin à Moscou.

Malgré ses liens économiques et militaires avec la Russie, la Chine souhaite jouer le rôle de médiateur dans ce conflit. Pékin a toujours évité de condamner l’invasion russe, tout en accusant l’OTAN de ne pas prendre en compte les préoccupations de sécurité de Moscou. Toutefois, la Chine a appelé au respect de l’intégrité territoriale de tous les États, y compris l’Ukraine.

Le principal objectif de la visite de Dmytro Kouleba est de discuter du rôle potentiel de la Chine dans l’arrêt de l’agression russe et la mise en place d’une paix durable. L’Ukraine, par la voix du président Volodymyr Zelensky, a récemment ouvert la porte à des pourparlers avec la Russie et a exprimé son intérêt pour la participation de Moscou à un futur sommet de paix.

La Chine, qui se présente comme un interlocuteur mesuré face aux Occidentaux, a déjà exprimé son souhait de voir un dialogue direct s’établir entre Kiev et Moscou. Le président chinois Xi Jinping a récemment réitéré cet appel lors d’une rencontre avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban. De plus, l’émissaire chinois pour la question ukrainienne, Li Hui, a mené plusieurs missions diplomatiques pour tenter de faciliter le dialogue.

La position de la Chine sur l’arrêt des combats en Ukraine est toutefois critiquée par les Occidentaux, qui estiment qu’elle permettrait à la Russie de consolider ses gains territoriaux. Selon Alexander Gabuev, du Centre Carnegie Russie Eurasie, Dmytro Kouleba pourrait chercher à convaincre la Chine de participer à un second sommet de paix, en échange de quoi Pékin pourrait vouloir obtenir des concessions de Kiev.

La visite de Kouleba est suivie de près par les États-Unis et l’Europe, qui s’inquiètent du soutien économique chinois à la Russie, visée par d’importantes sanctions. Les entreprises chinoises sont notamment accusées de fournir à Moscou des produits à double usage. Bien que Pékin nie ces accusations, les États-Unis et l’Europe ont sanctionné plusieurs compagnies chinoises impliquées.

Selon Gabuev, la Chine pourrait tenter de tirer parti de l’intérêt ukrainien pour un nouveau sommet afin d’atténuer les sanctions occidentales. Pékin a précisé que pour participer à un tel sommet, toutes les parties devraient être présentes et toutes les propositions de paix, y compris celles de la Russie, discutées équitablement.