Laurent Saint-Martin face aux défis budgétaires : Moody’s abaisse la perspective de la France à « négative »

Entrevue 1

Le gouvernement continue de resserrer la vis budgétaire en vue de l’examen de la loi de finances 2025, suspendu temporairement mais qui reprendra dès le 5 novembre. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, dévoile dans une interview accordée au Parisien, les grandes lignes des 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires prévues par voie d’amendements, visant à alléger les dépenses de l’État tout en améliorant l’efficacité des services publics.

5 milliards d’économies au programme : un effort collectif pour les ministères

Parmi les 40 milliards d’euros d’économies fixées comme objectif pour 2025, 21 concernent directement l’État. En plus des 15 milliards de réductions prévus par l’administration précédente, le gouvernement ajoute 5 milliards d’euros d’économies complémentaires, en demandant à chaque ministère, hormis les Armées, l’Intérieur, la Justice, l’Enseignement supérieur et les Outre-mer, de faire un effort pour un total de 2,5 milliards d’euros.

Selon Laurent Saint-Martin, il s’agit de « faire mieux avec moins » en rationalisant les crédits déjà existants plutôt que de solliciter des ressources supplémentaires. Le ministre insiste sur la nécessité de revoir en profondeur les dépenses publiques pour éviter des coupes aveugles.

Lutte contre l’absentéisme et économies sur les arrêts de travail dans la fonction publique

Une part substantielle des économies repose sur la réduction des dépenses liées aux arrêts maladie dans la fonction publique, avec 1,2 milliard d’euros attendus. Le ministre Guillaume Kasbarian, chargé de la Fonction publique, mènera des discussions avec les syndicats pour introduire des changements, notamment le passage à trois jours de carence. L’idée est d’aligner le régime des agents publics sur celui du secteur privé, avec un remboursement à 90 % pour les arrêts de trois jours à trois mois, au lieu de 100 % actuellement.

Le gouvernement prévoit aussi de rationaliser certaines aides publiques, telles que l’aide au développement et les subventions pour les véhicules électriques. En effet, les dispositifs de soutien à l’acquisition de voitures propres, actuellement trop nombreux, seront ramenés à une enveloppe de 700 millions d’euros, soutenue par des certificats d’énergie. En parallèle, le projet de budget 2025 prévoit une réduction de 2 200 emplois publics, avec une baisse supplémentaire de 1 000 équivalents temps plein envisagée.

Retard dans l’indexation des pensions de retraite

Par ailleurs, le report de l’indexation des pensions au 1er juillet suscite des inquiétudes. Laurent Saint-Martin a précisé que ce décalage pourrait épargner les petites retraites, par exemple celles inférieures à 1 200 euros, selon les amendements adoptés lors du débat parlementaire. Le minimum vieillesse, en revanche, sera revalorisé dès le 1er janvier.

Maintien de la crédibilité financière de la France

La situation budgétaire fragile de la France a récemment conduit Moody’s à abaisser sa perspective à « négative », bien que la note du pays ait été maintenue. Laurent Saint-Martin se veut rassurant, insistant sur la nécessité de renforcer la crédibilité financière du pays par des réformes structurelles pour équilibrer les comptes. Il rappelle également l’importance de préserver la réforme des retraites, condition sine qua non pour la stabilité budgétaire de la France.

Avec ce programme de réduction de dépenses, le ministre affirme que le gouvernement agit dans le respect de la démocratie, évitant de recourir systématiquement au 49.3, et ambitionne d’atteindre un déficit de 5 % en 2025.

Thumbnail