Après une pause estivale, l’Assemblée nationale reprendra ses travaux dès demain, et les tensions politiques autour de la réforme des retraites risquent de refaire surface. La France insoumise (LFI) se prépare à relancer la bataille en annonçant qu’elle déposera sa propre proposition de loi pour abroger la réforme dans sa niche parlementaire prévue fin novembre, rejetant toute alliance avec le Rassemblement national (RN).
Éric Coquerel, président de la Commission des Finances et député LFI, a confirmé sur BFMTV que son groupe ne soutiendra pas la proposition d’abrogation du RN, qui sera discutée dans leur propre niche parlementaire le 31 octobre. « LFI va déposer sa propre abrogation de la réforme des retraites dans sa niche parlementaire de novembre, en accord avec ses partenaires », a-t-il expliqué. Coquerel a justifié cette décision en affirmant qu’il serait problématique de donner une victoire politique au RN, dont la politique économique « n’est pas très différente de celle d’Emmanuel Macron ».
LFI refuse le « piège » tendu par le RN
La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, partage cette position. Elle a réaffirmé que LFI ne veut pas « offrir une victoire politique à l’extrême droite qui n’a jamais réellement combattu la réforme des retraites ». Toutefois, elle a laissé entendre qu’elle ne rejetterait pas d’emblée la proposition du RN avant d’en connaître les détails.
Le RN, de son côté, intensifie la pression sur la gauche. La députée RN Laure Lavalette a sommé LFI de voter leur proposition d’abrogation, mettant en garde contre une éventuelle posture de sectarisme si le texte était rejeté uniquement parce qu’il émane de leur groupe. Sébastien Chenu, président délégué du groupe RN, a ajouté que la niche parlementaire du RN abordera également des sujets régalien, notamment sur le renforcement des peines planchers.
Une stratégie d’évitement pour LFI
Pour Éric Coquerel, la proposition du RN n’est qu’un « leurre », car même si elle était adoptée à l’Assemblée, elle n’aurait que peu de chances d’être discutée au Sénat, où la droite est majoritaire. Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), a déjà indiqué qu’il ne soumettrait pas cette proposition à débat. En cas de rejet au Sénat, LFI compte malgré tout poursuivre la lutte en intégrant l’abrogation de la réforme des retraites dans des amendements au projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS), car ce texte doit obligatoirement être examiné au Sénat avant de revenir à l’Assemblée.
Ainsi, la reprise des travaux parlementaires s’annonce sous haute tension, avec une LFI déterminée à mener la charge contre la réforme des retraites tout en évitant de jouer le jeu du RN. Loin de se laisser piéger, LFI compte sur sa propre niche parlementaire pour imposer son agenda, renforçant ainsi son opposition au gouvernement et à l’extrême droite.
La nouvelle session parlementaire marque donc la réactivation des grandes batailles politiques à l’Assemblée, où les débats sur la réforme des retraites et d’autres sujets sensibles reviendront au centre des discussions, dans un climat de plus en plus polarisé.