L’Assemblée nationale acte la création d’un groupe d’amitié France-Palestine : un geste symbolique et controversé
Le bureau de l’Assemblée nationale, désormais dominé par la gauche, a acté ce mercredi 20 novembre la création d’un groupe d’amitié France-Palestine, marquant une décision symbolique forte dans le paysage politique français. Une demande similaire avait été rejetée en mai dernier, mais le changement d’équilibre au sein du bureau, où la gauche est devenue majoritaire, a permis de faire aboutir cette initiative.
Un symbole fort pour les partisans de la Palestine
Jusqu’à présent, un « groupe d’étude à vocation internationale » France-Palestine, présidé par Richard Ramos (MoDem), représentait les relations avec la Palestine à l’Assemblée nationale. Désormais, ce groupe obtient le statut de « groupe d’amitié », à l’instar de celui déjà existant pour Israël. Pour ses défenseurs, cette évolution corrige une « dissymétrie » dans l’Assemblée nationale et ouvre la voie à une reconnaissance symbolique de la Palestine.
Des figures de la gauche, comme Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise, et Manuel Bompard, coordinateur national du mouvement, ont salué une avancée majeure. « C’est une victoire lumineuse dans la nuit noire qui s’abat sur le peuple palestinien », a déclaré Panot, exhortant la France à reconnaître l’État de Palestine. Le député MoDem Richard Ramos a également plaidé pour une démarche de parité, rappelant que le Sénat dispose d’un groupe d’amitié France-Palestine depuis 1995.
Un cadre juridique remis en question
Cependant, cette décision suscite des critiques. Le président du groupe Ensemble pour la République, Gabriel Attal, a exprimé son opposition, soulignant que la Palestine ne remplit pas les critères fixés par l’Assemblée depuis 1981 pour la création de groupes d’amitié. Ces critères incluent la reconnaissance par l’ONU, l’existence d’un Parlement fonctionnel et des relations diplomatiques officielles avec la France. Attal a rappelé que le Parlement palestinien, élu en 2006, ne s’est pas réuni pendant plus d’une décennie avant sa dissolution en 2018.
Malgré ces objections, les partisans de ce groupe arguent qu’un précédent existe avec le groupe France-Québec, qui déroge également aux règles établies.
La question de la présidence du groupe France-Palestine reste en suspens. Parmi les candidats potentiels figurent Richard Ramos, qui a mené les efforts pour cette transformation, ainsi que des membres du Nouveau Front populaire. La décision pourrait être prise dès le 25 novembre lors d’une réunion du Bureau de l’Assemblée.
Pour ses défenseurs, la création de ce groupe d’amitié marque un premier pas vers une reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France. Cependant, ce geste symbolique risque d’intensifier les débats sur la politique étrangère française et son implication dans les tensions au Proche-Orient.