L’assassin de Samuel Paty en lien avec le groupe qui a renversé Bachar al-Assad

Entrevue 1

Le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), acteur clé dans le renversement du président syrien Bachar al-Assad, voit son rôle dans la propagation de l’idéologie djihadiste se confirmer. Un de ses membres, dissimulé sous la couverture d’un journaliste, aurait été en contact direct avec Abdoullakh Anzorov, l’auteur de l’assassinat de Samuel Paty en 2020.

Un groupe djihadiste en quête de domination

Après avoir renversé Bachar al-Assad, Hayat Tahrir al-Sham, anciennement lié à al-Qaïda, cherche à asseoir son influence en Syrie en profitant du recul de Daesh. Bien que le groupe se présente désormais comme plus « moderne », des éléments troublants dévoilent la persistance de ses pratiques radicales.

Un exemple marquant est celui de Faruq Shami, membre de HTS et acteur actif de la propagande djihadiste. Sous l’apparence d’un journaliste, il publie des reportages sur l’activité des groupes armés en Syrie, tout en utilisant les réseaux sociaux pour diffuser l’idéologie radicale et recruter de jeunes individus vulnérables.

Des liens avec Abdoullakh Anzorov révélés

Selon un procès-verbal consulté par Le Parisien, Faruq Shami aurait échangé avec Abdoullakh Anzorov avant l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Anzorov, d’origine tchétchène, avait décapité le professeur Samuel Paty le 16 octobre 2020 après la republication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.

Peu avant l’attentat, Anzorov avait envoyé un message audio à Faruq Shami pour revendiquer son acte, accompagné d’une photo macabre de sa victime. En réponse, Shami aurait glorifié l’assassinat en écrivant : « Allah Akbar ! Que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soient sur toi. »

Les investigations menées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) révèlent que Faruq Shami jouait un rôle actif dans le « djihad médiatique ». Derrière des comptes Instagram anonymes, il recrutait et conseillait de jeunes radicalisés, allant jusqu’à appeler le président tchétchène Ramzan Kadyrov à envoyer des renforts en France.

Un mois avant l’assassinat de Samuel Paty, Shami avait diffusé une vidéo exhortant les musulmans à réagir contre la republication des caricatures du prophète. Ce message, aujourd’hui analysé par les autorités, reflète l’influence qu’HTS cherche à maintenir au-delà des frontières syriennes.

Des implications internationales inquiétantes

Ces révélations sur les interactions entre un membre d’HTS et un terroriste agissant en Europe soulignent l’ampleur du réseau et de la stratégie de Hayat Tahrir al-Sham. Le groupe, qui affirme vouloir tourner la page de son passé al-qaïdiste, semble néanmoins poursuivre des activités propagandistes qui alimentent la menace terroriste mondiale.

Les autorités françaises et internationales redoublent d’efforts pour contrer ces dérives. Mais l’affaire rappelle avec gravité que l’idéologie djihadiste, même sous des formes nouvelles, reste un défi sécuritaire majeur.

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