L’art généré par l’IA peine à convaincre chez Christie’s

Entrevue 1

La première vente aux enchères exclusivement consacrée aux œuvres créées avec l’intelligence artificielle (IA) chez Christie’s s’est soldée par un succès en demi-teinte. Sur les 34 lots proposés en ligne entre le 20 février et le 5 mars, quatorze n’ont pas trouvé preneur ou ont été vendus en dessous des estimations de la maison de ventes. Si certaines créations ont atteint des montants élevés, d’autres, pourtant mises en avant, n’ont suscité aucun intérêt.

Des ventes en dessous des attentes

L’œuvre “Machine Hallucinations – ISS Dreams – A” de Refik Anadol a enregistré la meilleure enchère à 277 200 dollars, dépassant son estimation initiale. En revanche, “Emerging Faces” de Pindar Van Arman, une pièce réalisée par la collaboration de deux intelligences artificielles, n’a reçu aucune offre. De son côté, “Random War” de Charles Csuri, considéré comme un pionnier de l’art numérique, a été adjugée à 50 400 dollars, un montant inférieur à la fourchette prévue de 55 000 à 65 000 dollars, selon les données fournies par Christie’s et relayées par l’AFP.

Malgré ces résultats mitigés, Nicole Sales Giles, responsable des ventes d’art numérique chez Christie’s, a estimé que la vente démontrait “l’influence et l’importance” des artistes numériques. Mais Steven Sacks, fondateur de la galerie new-yorkaise bitforms spécialisée dans l’art digital, a nuancé cette analyse. Selon lui, le marché manque encore d’éducation sur ces nouvelles formes artistiques et les collectionneurs traditionnels restent prudents.

Une vente controversée sur fond de débat juridique

En parallèle, la mise en avant de l’art généré par IA continue de susciter des critiques. Un collectif d’artistes a lancé une pétition rassemblant 6 490 signatures pour demander l’annulation de la vente, dénonçant l’utilisation de modèles d’IA ayant exploité sans autorisation des œuvres protégées par le droit d’auteur. Ils considèrent cette pratique comme une forme de “vol massif de travaux d’artistes humains”, selon Le Monde.

Cette polémique s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre artistes et entreprises d’IA. En 2023, plusieurs créateurs ont poursuivi en justice des start-up comme Midjourney et Stability AI, accusées d’avoir entraîné leurs algorithmes sur des images sans l’accord des auteurs. Alors que la reconnaissance de l’art généré par IA avance lentement, ces débats juridiques pourraient peser sur son avenir dans le marché de l’art.

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