De l’ombre à la lumière, l’Arabie Saoudite émerge comme une destination de choix pour les stars du tennis. Alors que le football dominait jadis le royaume, le tennis a lentement mais sûrement conquis le cœur des Saoudiens. Ce changement témoigne d’une évolution remarquable dans la perception et la pratique du sport dans le royaume.
Pour Ammar Alhaqbani, pionnier du tennis saoudien et ancien numéro un national, ce changement est tout simplement sidérant. Alors qu’il tenait sa première raquette il y a deux décennies aux États-Unis, il ne se doutait pas que son pays natal deviendrait un jour un haut lieu de la petite balle jaune. Participer à son premier tournoi local en 2011 a été pour lui une révélation : découvrir une communauté de passionnés dans un pays où le football était roi a été un choc, mais aussi un catalyseur pour une transformation sportive majeure.
Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite attire les circuits professionnels, et des joueurs de renom tels que Novak Djokovic et Ons Jabeur foulent ses courts lors de matches d’exhibition richement rémunérés. Pour Alhaqbani, assister à un tel événement à Ryad en décembre dernier et voir Djokovic plaisanter avec lui depuis le court a été un moment surréaliste, un témoignage tangible de la montée en puissance du tennis dans son pays.
Cette ascension fulgurante n’est pas sans susciter son lot de controverses. Des voix se sont élevées, dont celles des légendes Martina Navratilova et Chris Evert, pour dénoncer le bilan en matière de droits des femmes du royaume. Pourtant, les ambitions saoudiennes restent intactes : Rafael Nadal, 22 fois vainqueur de Grand Chelem, a été nommé ambassadeur de la Fédération saoudienne de tennis, et le pays a décroché l’organisation des trois prochaines éditions du Masters féminin WTA.
Ce virage vers le sport s’inscrit dans une stratégie plus vaste de redorer l’image du royaume, attirant ainsi investisseurs et touristes, clés de voûte d’un ambitieux programme de réformes économiques et sociales.
Malgré les défis persistants en matière de droits humains, des personnalités telles qu’Areej Mutabagani, présidente de la fédération saoudienne de tennis, invitent les critiques à venir constater par elles-mêmes les progrès réalisés sur le terrain. Car au-delà des controverses, la popularité du tennis en Arabie Saoudite est indéniable, comme le confirme Abdulrahman « Rocky » Alhaqbani, ancien joueur reconverti en entraîneur, témoignant de courts toujours bondés et d’un engouement croissant pour ce sport dans le pays.