Dans un récit qui pourrait rivaliser avec les intrigues les plus complexes, l’animateur Arthur, et une cohorte de créanciers d’Ethical Coffee Company (ECC) ont récemment lancé une attaque judiciaire sans précédent contre Nespresso, la branche café de la multinationale Nestlé. Leur demande ? Rien de moins que 286 millions d’euros de dommages et intérêts, accusant la société suisse d’avoir délibérément saboté ECC pour préserver son hégémonie sur le marché des capsules de café.
Me Olivier Pardo, représentant légal des plaignants, ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque le comportement de Nespresso. Il affirme que la société a délibérément entravé ECC à chaque tournant, menant une guerre juridique sournoise pour la forcer à mettre la clé sous la porte. Selon lui, Nestlé a atteint son objectif en anéantissant ECC, créant ainsi un vide sur le marché des dosettes de café compatibles avec les machines Nespresso.
Cette saga juridique a ses racines dans les débuts tumultueux d’ECC au début des années 2010. La société suisse, fondée par un ancien cadre de Nespresso, avait l’ambition de secouer le marché en proposant des capsules de café biodégradables et moins chères que celles de son ancien employeur. Cependant, dès le lancement de ses produits, ECC s’est retrouvé dans le collimateur de Nespresso, qui a rapidement saisi les tribunaux pour faire interdire la vente des capsules concurrentes.
Le parcours d’ECC a été jonché d’embûches juridiques, avec Nespresso apportant des modifications répétées à ses machines pour entraver la compatibilité avec les capsules concurrentes. Malgré une victoire en 2014 devant l’Autorité de la concurrence, ECC a perdu du terrain et a finalement fait faillite en 2018, laissant ses investisseurs, dont Arthur, avec des pertes financières considérables.
Mais les plaignants ne se sont pas résignés à leur sort. Après une décennie de batailles judiciaires, une victoire significative devant la plus haute juridiction suisse en 2021 leur a donné un nouvel élan. Maintenant, ils exigent une compensation pour les dommages subis, estimant que la somme de 286 millions d’euros est une juste réparation pour les pertes financières et le préjudice moral infligés par Nespresso.
Du côté de Nespresso, la réaction est prudente. Bien que la société ait pris acte de la plainte, elle refuse de commenter les allégations spécifiques, affirmant simplement qu’elle défendra vigoureusement sa position en justice.
Cette affaire retentissante, désormais baptisée « la guerre des dosettes », illustre les enjeux colossaux du marché du café et soulève des questions essentielles sur la concurrence, la propriété intellectuelle et les pratiques commerciales équitables. Alors que la bataille judiciaire entre dans une nouvelle phase, le monde des affaires retient son souffle pour voir quelles répercussions cette affaire aura sur l’industrie du café et au-delà.