« L’animal a une conscience et une sensibilité » : le combat de Nagui contre la souffrance animale

Entrevue 1

Dans une interview exclusive accordée au Point, Nagui revient sur sa carrière, ses projets et ses convictions. À 63 ans, il reste l’une des figures incontournables du paysage audiovisuel français. Animateur phare de France 2, il brille avec N’oubliez pas les paroles, un succès indémodable qui génère près de 25 % des recettes publicitaires de la chaîne. À cela s’ajoutent ses projets à la radio, notamment La Bande originale sur France Inter, et des émissions événementielles comme Taratata, qui a récemment fêté ses 30 ans. Pourtant, derrière cette carrière prolifique se cache un homme déterminé à défendre ses valeurs.

Depuis ses débuts en 1993, Taratata a accueilli plus de 1 500 artistes pour 4 800 chansons interprétées. Si l’aventure a été ponctuée de moments mémorables, certains souvenirs restent douloureux. Nagui évoque avec regret l’absence de Bruce Springsteen à une émission préparée en grande pompe, annulée à la dernière minute. Cependant, d’autres moments, comme le soutien de Jean-Jacques Goldman pour sauver le programme à ses débuts, illustrent la force des amitiés qui l’entourent.

Pour célébrer cet anniversaire, Nagui a tenté de convaincre Goldman de remonter sur scène, mais ce dernier a décliné avec humour, promettant qu’un anniversaire des 50 ans serait plus pertinent. « S’il revient, ce sera là où on l’attendra le moins, comme toujours », ajoute l’animateur avec admiration.

Un « Intervilles » sans vachettes, mais avec des valeurs

Le 1er janvier prochain, Nagui coprésentera Les Bravos d’or aux côtés de Leïla Kaddour-Boudadi. Une idée qu’il mûrit depuis longtemps : récompenser les œuvres culturelles plébiscitées par le public. « C’est totalement populaire, et je le revendique », insiste-t-il, en réponse aux critiques potentielles. Pour lui, cette émission met en lumière des succès indiscutables, basés sur des chiffres concrets, loin des querelles artistiques.

À l’été 2024, Nagui reprendra Intervilles dans une version renouvelée, sans les traditionnelles vachettes. Une décision qui suscite des tensions, notamment dans les villes du Sud-Ouest attachées à cette tradition. L’animateur assume pleinement son choix, motivé par son engagement contre la souffrance animale. Il relate notamment un incident marquant en 2005, lorsqu’une vachette s’est effondrée lors d’une répétition.

« L’animal a une conscience et une sensibilité », affirme-t-il. Pour pallier cette absence, l’émission intègrera une mascotte en guise de clin d’œil. Face aux critiques, Nagui reste serein : « Si certaines villes refusent, nous irons ailleurs. »

Au-delà du divertissement, Nagui n’hésite pas à exprimer ses convictions à l’antenne, qu’il s’agisse d’écologie, de végétarisme ou de causes humanitaires. Son franc-parler lui vaut parfois des critiques. « Tout le monde est libre de zapper », répond-il, assumant ses positions contre les extrêmes politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite : « Ils n’auront jamais ma voix, ni mon silence. »

Un équilibre entre vie professionnelle et personnelle

Malgré un emploi du temps chargé entre France Inter, N’oubliez pas les paroles et la gestion de sa société de production, Nagui veille à préserver sa forme physique et mentale. Chaque matin, il consacre une demi-heure au sport et s’épanouit pleinement dans sa vie familiale. Ses quatre enfants, qui le taquinent souvent, et son épouse, l’actrice Mélanie Page, jouent un rôle essentiel dans cet équilibre. « Aujourd’hui, je suis parfois le +1 dans les soirées, et j’en suis fier », confie-t-il avec humour.

À l’aube de 2025, Nagui aborde la soixantaine avec sérénité. « Si un projet échoue, ce n’est pas la fin du monde », philosophe-t-il. Sa passion pour son métier reste intacte, et il n’envisage pas de ralentir. « La seule chose qui pourrait me faire arrêter, c’est la lassitude… Mais je n’en suis pas encore là. »

Nagui continue d’incarner un modèle d’animateur populaire et engagé, mêlant habilement divertissement et défense de ses valeurs. Un équilibre rare dans l’univers médiatique, qu’il cultive avec une énergie contagieuse.

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