L’Allemagne se soulève contre l’extrême droite et le rapprochement de Friedrich Merz avec l’AfD

L’Allemagne se soulève contre l’extrême droite et le rapprochement de Friedrich Merz avec l’AfD

La mobilisation contre l’extrême droite prend une ampleur inédite en Allemagne. Ce dimanche, des dizaines de milliers de manifestants sont attendus à Berlin, marquant l’apogée d’un mouvement national contre le rapprochement amorcé entre la droite conservatrice et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), à trois semaines des élections législatives.

Dès 15h30, la foule se rassemblera devant le Bundestag avant de marcher vers le siège du parti conservateur CDU. Cette manifestation cible directement Friedrich Merz, candidat de la CDU à la chancellerie et favori des sondages, qui a brisé un tabou historique en s’appuyant sur l’extrême droite pour faire avancer des propositions législatives sur l’immigration. Une décision qui, pour beaucoup, menace le fragile équilibre politique allemand d’après-guerre.

Depuis des décennies, les partis traditionnels allemands refusaient tout accord avec l’AfD, maintenant ce qu’ils appellent un « cordon sanitaire » autour de cette formation nationaliste et anti-migrants. Mais mercredi, Friedrich Merz a franchi un cap en s’alliant à l’AfD pour faire adopter à la Chambre des députés une motion visant à bloquer tous les étrangers sans papiers aux frontières, y compris les demandeurs d’asile.

Si vendredi, une nouvelle tentative pour restreindre l’immigration a échoué, le leader de la droite allemande n’exclut pas de poursuivre cette stratégie. Une posture dénoncée par l’ONG Campact, à l’initiative de la manifestation de ce dimanche : « Friedrich Merz veut briser d’un grand coup le cordon sanitaire contre les extrémistes de droite. »

Le mouvement de protestation a déjà rassemblé plus de 220 000 manifestants samedi dans plusieurs grandes villes comme Hambourg, Cologne, Leipzig ou Stuttgart. À Hambourg, 65 000 personnes ont répondu à l’appel de Luisa Neubauer, figure emblématique de Fridays for Future en Allemagne. « L’Allemagne est en train d’écrire une histoire qui ne devrait plus jamais être écrite », a-t-elle lancé, dénonçant une dérive populiste et un risque de normalisation de l’extrême droite.

À Neu-Isenburg, en banlieue de Francfort, 9 000 manifestants se sont massés devant un meeting de l’AfD, scandant « Non au racisme, à la haine, au fascisme, non aux Nazis ».

Face à cette situation, le chancelier Olaf Scholz met en garde contre un risque majeur : une alliance CDU-AfD pour gouverner l’Allemagne. « On ne peut pas faire confiance à Friedrich Merz », a-t-il affirmé vendredi dans un podcast du magazine Die Zeit. Même Angela Merkel est sortie de sa réserve pour qualifier cette stratégie d’« erreur ».

La droite allemande justifie pourtant sa ligne dure par un climat sécuritaire tendu, notamment après l’assassinat d’un Allemand à Aschaffenbourg par un Afghan, un fait divers qui a déclenché une vague d’indignation.

Toute la question est désormais de savoir si cette offensive anti-immigration de Friedrich Merz lui permettra de siphonner l’électorat de l’AfD ou si, au contraire, elle contribuera à légitimer encore davantage l’extrême droite. Avec 30 % des intentions de vote, la CDU est actuellement en tête des sondages, tandis que l’AfD oscille entre 20 et 22 %.

Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir politique de l’Allemagne et pour l’équilibre démocratique du pays.

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