L’Allemagne face à la crise budgétaire : une politique d’austérité contestée
L’Allemagne traverse une crise budgétaire qui pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la zone euro. Malgré une économie stagnante, le gouvernement allemand refuse d’augmenter ses dépenses publiques, en raison d’une règle constitutionnelle stricte imposant un quasi-équilibre budgétaire. Cette politique d’austérité, défendue par le ministre des Finances Christian Lindner, limite le déficit à 0,35 % du PIB, sauf en cas de récession. Le frein à l’endettement, introduit en 2009, constitue un obstacle majeur à une relance budgétaire que nombre d’économistes jugent pourtant nécessaire.
L’économie allemande, autrefois une locomotive européenne, connaît une faible croissance de 0,3 % depuis 2019, bien en dessous des performances de pays comme la France (3,8 %) et les États-Unis (9,4 %). L’Allemagne doit en outre faire face à des priorités budgétaires contradictoires. La coalition au pouvoir, composée de sociaux-démocrates, de Verts et de libéraux, peine à concilier des objectifs de relance économique, de défense et de protection sociale. Le budget 2025, actuellement en discussion au Bundestag, prévoit 489 milliards d’euros de dépenses, avec un déficit financé à hauteur de 51,3 milliards d’euros par l’endettement.
L’opposition conservatrice, dirigée par Friedrich Merz, critique la gestion budgétaire actuelle, la qualifiant de peu réaliste et mal équilibrée. La Cour fédérale des comptes allemande partage cet avis, estimant que les hypothèses de non-utilisation des subventions et de relance économique sont trop optimistes. Par ailleurs, l’Allemagne devra combler un « trou » budgétaire de 12 milliards d’euros, un montant anormalement élevé pour un pays où la rigueur budgétaire est la norme.
L’échec à contourner le frein à l’endettement rend toute relance économique difficile. Le ministre Lindner a tenté de compenser cette restriction par la création de fonds pour des projets spécifiques, notamment liés à la transition verte, mais ces initiatives ont été bloquées par la Cour constitutionnelle. Dans ce contexte de restrictions budgétaires, les ministères les plus touchés par les coupes sont ceux de l’Aide au développement et de la Défense.
L’avenir budgétaire de l’Allemagne est incertain, et à un an des élections législatives, il semble peu probable qu’un consensus soit trouvé pour assouplir la règle d’or du frein à l’endettement. L’opposition, tout comme certains partenaires européens, espère toutefois un changement de cap qui permettrait de relancer l’économie de la plus grande puissance européenne.