L’histoire du collier de la reine, au cœur de la seconde saison de la série Marie-Antoinette sur Canal+, est l’un des plus grands scandales du XVIIIe siècle. Conçu à l’origine pour Madame du Barry, favorite de Louis XV, ce bijou serti de 647 diamants devient un fardeau pour ses créateurs, les joailliers Boehmer et Bassenge, après la mort du roi en 1774. Désespérés de le vendre, ils tentent de convaincre Marie-Antoinette, qui refuse à plusieurs reprises en raison de son prix exorbitant, estimé à près de 2 millions de livres (l’équivalent de 15 millions d’euros aujourd’hui), selon l’historienne Evelyne Lever.
C’est alors qu’intervient Jeanne de la Motte, une aristocrate désargentée qui se fait passer pour une descendante des Valois. Elle exploite la rivalité entre la reine et le cardinal de Rohan, en disgrâce à la cour, pour orchestrer une arnaque audacieuse. Avec l’aide d’une courtisane déguisée en Marie-Antoinette, elle fait croire au prélat qu’il peut regagner les faveurs royales en achetant le collier en secret pour la souveraine. Trompé, le cardinal accepte d’endosser l’achat, et le bijou disparaît peu après, découpé et revendu en Angleterre par l’époux de Jeanne. Lorsque les joailliers réclament leur dû à Marie-Antoinette, le scandale éclate et se transforme en procès retentissant en 1785.
Si Jeanne de la Motte est condamnée, le cardinal de Rohan est acquitté, ce qui est perçu comme un revers humiliant pour la monarchie. L’affaire, abondamment relayée par des pamphlets satiriques, alimente l’image d’une Marie-Antoinette frivole et manipulatrice, bien qu’elle fût innocente dans cette escroquerie. Un siècle plus tard, Goethe estimera que cet événement a “préparé le terrain à la Révolution française”, en sapant la confiance du peuple envers la reine et la cour.