L’Académie française appelle à la libération immédiate de Boualem Sansal

25 novembre, 2024 / Entrevue

Ce lundi, l’Académie française a publié un communiqué exprimant son espoir de voir l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté mi-novembre en Algérie, « libéré sans délai ». Cette déclaration intervient au lendemain d’une tribune, publiée dans Le Figaro, signée par une trentaine de lauréats de son Grand Prix du roman, appelant à la « sauvegarde physique » et au « respect des droits élémentaires » de l’écrivain.

Dans son communiqué, l’institution a salué « chaleureusement » cette initiative, tout en partageant l’espoir des signataires de voir l’auteur de 2084 : la fin du monde retrouver sa liberté. « Tous les membres de notre académie ont hâte de voir cet écrivain, à la fois de France et d’Algérie, retrouver au plus vite la vie qui, jusqu’à présent, était la sienne, habitée par une obstinée volonté d’écrire et de ne pas subir », a ajouté l’Académie.

Une initiative novatrice : un « vote d’urgence » pour l’élection de Sansal

Samedi, Jean-Christophe Rufin, membre de l’Académie française, avait proposé à ses pairs un « vote d’urgence » pour élire Boualem Sansal comme académicien. Cette démarche exceptionnelle visait à honorer un écrivain emblématique dont l’œuvre transcende les frontières. Cependant, cette suggestion se heurte aux règles strictes de l’institution, qui imposent une procédure formalisée incluant la déclaration de vacance d’un siège, l’ouverture des candidatures et un vote final.

Pour l’heure, l’Académie française n’a pas commenté cette proposition, mais l’idée témoigne de la mobilisation inédite suscitée par l’arrestation de l’écrivain.

Une arrestation dans un contexte diplomatique tendu

L’arrestation de Boualem Sansal a été confirmée vendredi par l’agence de presse algérienne APS, sans préciser les motifs ni la date exacte de l’événement. Selon plusieurs sources médiatiques, elle aurait eu lieu le 16 novembre à l’aéroport d’Alger. Cette situation survient alors que les relations entre la France et l’Algérie connaissent de nouvelles tensions, exacerbées par le soutien affiché de Paris, en juillet dernier, au « plan d’autonomie » marocain pour le Sahara occidental.

L’écrivain, connu pour ses critiques acerbes des régimes autoritaires, est désormais au cœur d’un tourbillon diplomatique et littéraire. La communauté internationale suit avec attention son cas, notamment les milieux littéraires français, qui considèrent cette arrestation comme une atteinte grave à la liberté d’expression.

Pour beaucoup, Boualem Sansal incarne une double appartenance culturelle, un pont entre la France et l’Algérie. La mobilisation autour de sa situation dépasse ainsi les cercles littéraires pour devenir un symbole de défense des libertés fondamentales.