La proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, initiée par La France Insoumise (LFI), promet un affrontement politique ardu pour l’ex-majorité. Mathilde Panot, représentant le Nouveau Front populaire, a annoncé le dépôt de ce texte, soutenu par le Rassemblement national (RN). Cette initiative vise à annuler la réforme adoptée sous le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui avait augmenté l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Avec un total de 319 députés, les forces du NFP et du RN dépassent la majorité absolue requise de 289 sièges, rendant le rejet de cette proposition de loi complexe pour les partisans de la macronie. Les alliés de l’ancien président cherchent donc des moyens de contrer cette initiative législative.
Les obstacles à l’initiative de LFI
Plusieurs leviers constitutionnels et réglementaires peuvent être activés pour stopper cette proposition de loi. L’article 40 de la Constitution, qui interdit de créer une charge supplémentaire pour les finances publiques, pourrait être invoqué à tout moment du débat. Selon des calculs antérieurs, l’abrogation pourrait coûter entre 15 et 20 milliards d’euros au régime de retraite d’ici à 2030. Cependant, la question de savoir qui détermine la recevabilité de cet article reste problématique, surtout après les récents changements dans les instances de l’Assemblée nationale.
L’article 89 du règlement de l’Assemblée prévoit également des filtres pour bloquer de telles initiatives. Une délégation du Bureau de l’Assemblée pourrait examiner et rejeter la proposition avant même son dépôt officiel. Mais la majorité de gauche au sein de cette instance complique cette option.
La commission des Finances joue un rôle clé dans l’évaluation des impacts financiers de la proposition. Éric Coquerel, député LFI, en est le président, et son allégeance à son parti pourrait rendre la situation encore plus complexe pour les opposants à l’abrogation.
Le rôle stratégique du Sénat et de la présidence de l’Assemblée
Le Sénat, dominé par la droite et le centre, est un allié potentiel pour bloquer l’abrogation de la réforme. Même si la proposition de loi passe à l’Assemblée, elle pourrait échouer lors de la commission mixte paritaire, où les anti-abrogation pourraient avoir la majorité.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, pourrait également jouer un rôle déterminant en déclarant le texte non conforme à la Constitution. Cette manœuvre a déjà été utilisée en 2023, bien que cela ait été perçu comme un coup de force juridique par l’opposition.
Scénarios possibles et implications politiques
L’éventualité d’une mise en place d’un gouvernement par le NFP reste peu probable, mais elle pourrait transformer la proposition de loi en projet de loi gouvernemental, remettant en question l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Assemblée.
En résumé, la bataille autour de la réforme des retraites s’annonce rude et pleine d’incertitudes, avec des implications politiques et sociales potentiellement significatives. Les tensions au sein de l’Assemblée nationale et le soutien de la CGT au NFP ajoutent une dimension supplémentaire à cette lutte complexe.