La taxe foncière explose sous l’effet de l’inflation : un fardeau croissant pour les propriétaires immobiliers

15 octobre, 2024 / Entrevue

Depuis cinq ans, les propriétaires immobiliers français font face à une explosion de la taxe foncière, principalement en raison de la revalorisation des valeurs locatives cadastrales. Selon l’Observatoire des taxes foncières publié par l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) ce mardi, ces bases, qui servent à calculer cet impôt local, ont augmenté de près de 15 % entre 2018 et 2023. En conséquence, la taxe foncière a connu une hausse moyenne de 20 % sur la période, frappant durement les contribuables concernés.

Un lien direct avec l’inflation galopante

Contrairement à ce que certains propriétaires pourraient penser, l’augmentation de la taxe foncière n’est pas seulement liée à la suppression de la taxe d’habitation, entamée en 2018 sous l’ère Macron. La véritable raison de cette flambée est l’indexation des valeurs locatives cadastrales sur l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). Cette mesure, adoptée en 2018, a pour effet d’aligner la revalorisation annuelle de ces valeurs sur l’inflation, causant des hausses records, notamment en 2023 avec une augmentation de 7,1 %, un pic jamais observé depuis 1986.

Même dans les communes où les taux de taxe foncière sont restés stables, les propriétaires ont vu leur facture grimper de près de 15 % en cinq ans. À titre de comparaison, les loyers n’ont augmenté que de 5,3 % sur la même période. Face à cette situation, l’UNPI plaide pour un changement du mode de calcul, en proposant de lier la revalorisation des valeurs locatives à l’indice des loyers d’habitation (ILH) plutôt qu’à l’inflation.

En parallèle, l’Observatoire souligne la modération fiscale des élus locaux, avec une augmentation moyenne des taux de taxe foncière limitée à 4,52 % entre 2018 et 2023. Pourtant, dans certaines grandes villes, les hausses ont été spectaculaires. Paris a enregistré une augmentation de 71,6 % du taux de la taxe foncière hors taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM), tandis que Grenoble a vu son taux s’envoler de 42,5 %, en faisant la ville la plus chère de France pour les propriétaires. D’autres villes comme Strasbourg (+31,7 %) et Vitry-sur-Seine (+30,3 %) suivent cette tendance.

Une amélioration en vue pour 2025 ?

Seule lueur d’espoir pour les propriétaires, la revalorisation des bases locatives devrait considérablement ralentir en 2025, avec une prévision de hausse de 1,5 %, selon l’Insee. Cependant, l’incertitude demeure quant à d’éventuelles augmentations des taux décidées par les collectivités locales, dont les finances sont souvent fragiles. Michel Barnier, Premier ministre, a déjà annoncé un effort de 5 milliards d’euros demandé aux collectivités pour 2025, ce qui pourrait accentuer la pression fiscale sur les propriétaires.

L’UNPI, par la voix de son président Sylvain Grataloup, appelle à une réforme profonde de la fiscalité locale, intégrant la taxe foncière et la taxe d’habitation (aujourd’hui disparue pour les résidences principales) en une contribution unique. Cette taxe pourrait être modulée en fonction du statut de l’occupant (propriétaire ou locataire) et de critères liés à l’impact environnemental ou social des occupants. Grataloup milite également pour que les propriétaires bailleurs puissent récupérer une partie de la taxe foncière auprès de leurs locataires, qui ne paient plus la taxe d’habitation.

Cette refonte viserait à rétablir une forme d’équité fiscale entre propriétaires et locataires, tout en répondant aux besoins de financement des communes. Toutefois, la route semble encore longue avant que cette réforme ne voie le jour, laissant les propriétaires immobiliers sous la pression croissante de la taxe foncière pour encore plusieurs années.