La Russie condamne le chercheur français Laurent Vinatier à trois ans de prison
Le chercheur français Laurent Vinatier a été condamné par la justice russe ce lundi 14 octobre à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu’« agent de l’étranger ». Cette obligation, imposée par la loi russe, vise les ressortissants étrangers ou les individus recevant des financements internationaux, les obligeant à se conformer à des exigences administratives strictes. Selon ses avocats, Vinatier plaidera en appel.
Vinatier, un spécialiste des études post-soviétiques, travaillait pour une ONG suisse, le Centre pour le dialogue humanitaire, qui se consacre à la médiation dans les conflits. Le chercheur, âgé d’une quarantaine d’années, a passé plusieurs années en Russie et a exprimé son attachement personnel au pays, soulignant que sa femme est russe et qu’il s’était « investi dans une vie russe ». Lors du procès, Vinatier, apparaissant stoïque, a reconnu sa faute, mais a déclaré ignorer que l’obligation de s’enregistrer en tant qu’« agent de l’étranger » avait été ajoutée au Code pénal.
Les autorités russes, notamment les services de sécurité (FSB), accusaient Laurent Vinatier d’avoir recueilli des informations sur des activités militaires pouvant être utilisées contre la sécurité nationale russe. En dépit de ces accusations, les procureurs n’ont pas retenu les charges d’espionnage, qui auraient pu entraîner une peine beaucoup plus sévère, jusqu’à 20 ans de prison. La procureure avait requis trois ans et trois mois de détention, mais la sentence finale a été réduite à trois ans.
Cette affaire survient dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et la France. Paris accuse Moscou de mener des campagnes de déstabilisation et de désinformation en France, tandis que la Russie reproche à la France son soutien à l’Ukraine. Le Quai d’Orsay a dénoncé une condamnation d’une « extrême sévérité » et a réclamé la libération immédiate de Vinatier. Le ministère français des Affaires étrangères critique aussi la législation russe sur les « agents de l’étranger », la considérant comme une violation des libertés fondamentales en Russie.
En raison de ces tensions diplomatiques, certains observateurs craignent que l’affaire Vinatier ne puisse aboutir à une issue négociée similaire à celle des échanges de prisonniers entre la Russie et les États-Unis, comme celui du journaliste américain Evan Gershkovich en août 2024.