Plusieurs associations, dont le Secours catholique, ont publié ce lundi un rapport critiquant la réforme du Revenu de Solidarité Active (RSA), qui impose aux bénéficiaires de réaliser quinze heures d’activité hebdomadaires. Elles demandent la suspension de cette mesure, dont la généralisation est prévue pour 2025.
La réforme, introduite par la loi de 2023 relative au « plein emploi », est actuellement en phase d’expérimentation dans 47 départements. Elle prévoit la signature de « contrats d’engagement » pour les allocataires du RSA, les obligeant à effectuer des activités telles que des immersions en entreprise, des démarches administratives ou des actions associatives. Le non-respect de ces obligations pourrait entraîner des sanctions, incluant la suspension des allocations.
Cette réforme concerne 1,82 million d’allocataires, soit environ 3,65 millions de personnes avec leurs familles. Le montant du RSA s’élève à 607,75 euros pour une personne seule et 911,63 euros pour un couple sans enfants. Selon les associations, cette mesure touche principalement les personnes les plus vulnérables, risquant de les éloigner de leur projet d’insertion sociale et professionnelle.
Les organisations pointent plusieurs dérives potentielles, notamment le « glissement vers le travail gratuit » et la mise en concurrence des bénéficiaires du RSA avec des emplois existants, qu’ils soient publics ou privés. Elles estiment que cela pourrait avoir des conséquences négatives sur le marché du travail, en tirant vers le bas les conditions d’emploi et les salaires. Par ailleurs, l’accompagnement renforcé, censé orienter les bénéficiaires, serait critiqué pour son recours à des algorithmes et pour son effet sur l’autonomie des allocataires.
Malgré cela, le gouvernement défend la réforme. En mars dernier, Gabriel Attal, alors Premier ministre, évoquait des résultats encourageants : une personne sur deux aurait retrouvé un emploi dans les cinq mois suivant son entrée dans le dispositif. Cependant, les associations demandent de « prendre le temps » d’évaluer plus en profondeur les effets de cette réforme, avant sa généralisation en janvier 2025. Elles attendent notamment une évaluation commandée par le ministère du Travail d’ici la fin de l’année.
En somme, ces associations plaident pour une suspension temporaire de la réforme afin d’en éviter les potentielles dérives, tout en espérant que des mesures plus adaptées aux besoins des allocataires puissent émerger dans les mois à venir.