La reconstruction du sud du Liban conditionnée par la réponse du Hezbollah à la centralisation des armes par l’État

Entrevue 1

La reconstruction des régions détruites par Israël dépend de l’engagement du gouvernement libanais à centraliser les armes entre les mains de l’État et à mettre en œuvre les réformes. Sans la mise en œuvre effective de ces engagements, le Liban ne pourra pas obtenir d’aides arabes et internationales pour sa reconstruction. Il n’est plus secret pour personne que les pays donateurs, capables de fournir une aide financière au Liban, lient cette aide au désarmement du Hezbollah. La direction du Hezbollah en est bien consciente et ne peut pas contourner cette réalité.

La séance de discussion sur le programme gouvernemental du gouvernement du président Nawaf Salam, lors de laquelle il obtiendra une large confiance parlementaire, a vu une convergence des blocs parlementaires, avec une majorité écrasante et sans précédent, sur la centralisation des armes entre les mains de l’État, en réponse à l’affirmation du président de la République, le général Joseph Aoun, dans son discours de prestation de serment, que seul l’État a le monopole des armes. Bien que la demande du Hezbollah d’inclure la discussion sur ses armes dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie de défense ne modifie pas l’insistance sur leur mise sous l’autorité de l’État, et non leur exclusion, ce qui permet au gouvernement de se tourner vers la communauté internationale et de lui demander d’obliger Israël à se retirer du sud conformément à la résolution 1701, dans toutes ses dispositions et clauses, y compris la résolution 1559, qui stipule le désarmement des armes illégales sur tout le territoire libanais.

Le retrait complet d’Israël

Dans ce contexte, une source politique a affirmé au « Moyen-Orient » que l’obligation pour Israël de se retirer des cinq points est de la responsabilité de la commission de surveillance internationale présidée par le général américain Jasper Jeffers, à condition que le gouvernement respecte l’engagement de centraliser les armes entre les mains de l’État pour empêcher Israël de se servir du maintien des armes du Hezbollah comme justification pour ne pas se retirer. La source précise que cette commission n’a rien à voir avec la redéfinition et la délimitation des frontières entre le Liban et Israël, qui relève de la compétence de la commission trilatérale composée de deux représentants de l’armée libanaise et israélienne et de la direction de la force intérimaire des Nations Unies (FINUL), qui poursuit ses réunions occasionnelles à son siège à Naqoura.

La même source, qui suit la séance de discussion sur le programme gouvernemental pour l’octroi de la confiance, souligne que le retard pris pour offrir la possibilité d’un dialogue libanais visant à parvenir à une formule unifiée sur la stratégie de défense, incluant les armes du Hezbollah, ne sera pas favorable à l’accélération d’un plan complet pour la reconstruction des destructions israéliennes. En particulier, les villages du sud, situés sur les deux premières lignes face à Israël, ont été complètement nivelés et effacés de la carte, parmi lesquels : Yarin, Umm al-Tout, Zlaghoutiya, Al-Bustan, Al-Dhahira, Marwahin, Ramia, Aita al-Chaab et Mhaibib.

Destruction atteignant 90 %

La source révèle qu’il existe des dizaines de villages du sud dont les maisons ont été détruites à hauteur de 70 à 90 %, notamment Naqoura, Yaroun, Maroun al-Ras, Aytaroun, Blida, Mais al-Jabal, jusqu’à Markaba, Adaysseh et Kfarkala, s’étendant à Taybeh, Deir Sryan, Bani Hayan et Talousa, à l’exception des villages qui ont subi des destructions considérables dans les secteurs ouest, est et central.

La question se pose : que dira le gouvernement de « la dernière chance » aux habitants du sud lorsque celui-ci visitera leurs villages, qui, à cause de l’agression israélienne, sont devenus quasi des camps qui ont effacé les frontières entre les maisons ? Leur demandera-t-on de vivre à ciel ouvert en attendant que l’aide à la reconstruction de leurs villages soit assurée, surtout qu’il leur est impossible de s’y installer même temporairement, Israël ayant détruit les réseaux de communication, d’électricité, d’eau et les routes ? Par ailleurs, des unités de l’armée libanaise déployées dans la région, en coopération avec le Conseil du Sud et les municipalités, ont commencé à enlever les barricades et les débris pour faciliter leur retour dans leurs villages et vérifier ce qu’il reste de leurs maisons.

La source politique pose également la question : n’est-il pas temps pour le gouvernement, dès qu’il obtiendra la confiance du Parlement, de préparer le cahier des charges imposé par les pays donateurs, sans lequel le Liban ne pourra obtenir d’aide pour la reconstruction ? Ce cahier des charges, dont la philosophie stipule sans ambiguïté le désarmement des armes illégales, et en particulier celles du Hezbollah, en centralisant le monopole de la force légitime, et dont l’inaction du gouvernement retardera la reconstruction et laissera le sort de ses habitants à la merci du destin ? Cela appelle le Hezbollah à prendre une décision courageuse pour se positionner, sans conditions, sous l’égide du projet de l’État et soutenir ce dernier dans la défense du Liban contre les agressions, d’autant plus que son secrétaire général, le cheikh Naïm Qassem, avait ouvert la voie à une libanisation de ses positions, prenant en compte les transformations qu’a traversées le pays, à condition que ses partenaires nationaux fassent un effort pour le rencontrer à mi-chemin, sans le traiter comme un perdant dans sa guerre contre Israël.

La même source insiste sur le fait que les marchés et les centres commerciaux dans le sud du Litani, au nord, dans la banlieue sud de Beyrouth et certaines villes de la Békaa ont été systématiquement détruits, visant leurs infrastructures économiques, commerciales et industrielles. Ces régions ont besoin maintenant de temps pour reprendre leur souffle et redonner vie à ces marchés. Ils comptent sur le président Aoun, en coopération avec le gouvernement, pour ouvrir la voie à leur retour dans leurs villages. Cependant, leur appel à la patience stratégique à la manière iranienne ne suffira pas pour se relever des décombres, à moins que le Hezbollah n’accepte de répondre aux exigences du cahier des charges pour obtenir l’aide, d’autant plus qu’il porte la responsabilité de la reconstruction au nom de l’État.

Thumbnail