La proposition de loi de LFI pour abroger le délit d’apologie du terrorisme suscite une vive polémique
Le 19 novembre 2024, les députés de La France insoumise (LFI) ont déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme, une disposition introduite dans le code pénal en 2014. Les élus insoumis estiment que ce délit est utilisé comme un outil pour restreindre la liberté d’expression et dénoncent ce qu’ils appellent une « instrumentalisation de la lutte antiterroriste ». Le texte fait l’objet de critiques virulentes, tant à droite que dans les rangs du camp présidentiel.
Une dénonciation des dérives de la lutte antiterroriste
Dans l’exposé des motifs de leur proposition de loi, les députés LFI pointent les conséquences de l’application de ce délit. Selon eux, il a permis de poursuivre et condamner des responsables syndicaux, des militants politiques, des journalistes, voire des associations, pour des propos ou des positions critiques, notamment sur des sujets internationaux sensibles comme le conflit israélo-palestinien. « Quelle démocratie peut encore conserver son nom lorsque les méthodes de l’antiterrorisme sont utilisées pour réprimer des militants politiques ? » interrogent-ils.
Ils citent notamment l’exemple de Jean-Paul Delescaut, un responsable syndical de la CGT condamné à un an de prison avec sursis pour des propos jugés comme une apologie du terrorisme dans un tract. Les députés insoumis rappellent aussi que des figures de leur propre groupe, comme Mathilde Panot ou l’eurodéputée Rima Hassan, ont été entendues dans le cadre d’enquêtes sur des accusations similaires.
Des critiques unanimes à droite et au centre
La proposition a suscité une levée de boucliers dans les rangs des oppositions de droite et du camp présidentiel. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a qualifié cette initiative de « difficile de faire plus ignoble ». Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a accusé LFI de vouloir « légaliser le soutien au Hamas et à l’idéologie islamiste ». Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République (EPR), a, quant à lui, appelé les autres groupes de gauche à se désolidariser de cette proposition, la qualifiant d’ »insulte à la mémoire des victimes des attentats ».
Les critiques s’étendent aussi au sein de la gauche : Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a reproché à LFI de « diviser le camp de la paix » et a appelé à une révision de la définition du délit pour éviter les abus, sans aller jusqu’à son abrogation.
Mélenchon dénonce une campagne de dénigrement
Face à cette avalanche de critiques, Jean-Luc Mélenchon, leader historique de LFI, a dénoncé une « agression politique et médiatique » orchestrée par l’extrême droite et relayée par les médias traditionnels. Il invite les détracteurs à lire le texte de la proposition avant de la condamner. Le député Ugo Bernalicis, principal auteur de la proposition, affirme que « l’abrogation est une nécessité face à des lois liberticides ».
Cette initiative relance un débat récurrent en France sur l’équilibre entre la protection des libertés fondamentales et la lutte contre le terrorisme. Les députés insoumis mettent en avant la loi de 1881 sur la liberté de la presse comme cadre suffisant pour traiter les délits d’apologie de crimes ou de guerre. Leurs opposants estiment au contraire que le contexte sécuritaire actuel nécessite le maintien de dispositifs spécifiques pour contrer les discours dangereux.
Alors que la proposition polarise l’ensemble de l’échiquier politique, elle illustre une fois de plus les fractures au sein de la gauche et les tensions autour des libertés publiques en France.