La projection controversée du « Dernier Tango à Paris » à la Cinémathèque française

Entrevue 1

La Cinémathèque française se trouve au cœur d’une vive polémique après avoir annoncé la projection du film « Le Dernier Tango à Paris » de Bernardo Bertolucci, prévue pour le 15 décembre dans le cadre d’une rétrospective dédiée à Marlon Brando. Ce film de 1972 contient une scène de viol tournée sans le consentement de l’actrice Maria Schneider, ce qui suscite une vague d’indignation. Plusieurs militantes féministes, dont l’autrice Chloé Thibaud, dénoncent une décision perçue comme un mépris envers les victimes de violences sexuelles, appelant à une contextualisation et un débat autour de l’œuvre.

La Cinémathèque a tenté d’apaiser les tensions en ajoutant un « temps d’échange avec le public » avant la projection. Malgré cela, des personnalités comme Sandrine Rousseau, présidente de la commission d’enquête sur les violences sexistes dans le cinéma, critiquent vivement cette démarche, qualifiant la projection de « choix délirant ». Certains dénoncent un manque d’accompagnement pédagogique pour une œuvre devenue, selon eux, un symbole de la domination masculine et de la culture du viol. Maria Schneider avait elle-même exprimé publiquement la douleur que cette scène, tournée sans préparation ni accord préalable, avait laissée dans sa vie.

La Cinémathèque défend cependant le film en tant qu’œuvre cinématographique majeure, soulignant son importance historique et culturelle. Le programmateur Jean-François Rauger a justifié cette décision comme un refus de céder à des « menaces » visant à interdire l’événement. Cette controverse relance le débat sur la responsabilité des institutions culturelles face à des œuvres marquées par des pratiques problématiques, et une mobilisation pourrait perturber la séance.

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