Une étude inédite publiée par Santé publique France met en lumière l’impact alarmant de la pollution atmosphérique sur la santé et l’économie en France. Chaque année, des dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires et métaboliques sont directement imputables aux particules fines et au dioxyde d’azote.
L’étude, menée sur la période 2016-2019, avant la pandémie de Covid-19, révèle qu’entre 12 et 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires infantiles (soit entre 7 000 et 40 000 cas) et entre 7 et 13 % des nouvelles pathologies chez l’adulte (de 4 000 à 78 000 cas) sont causés par la pollution de l’air. Parmi les pathologies les plus concernées figurent le cancer du poumon, l’asthme, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2.
Les populations les plus vulnérables sont particulièrement affectées : les enfants, exposés à des troubles respiratoires précoces, les personnes âgées, les femmes enceintes, ainsi que les travailleurs et sportifs en extérieur. Réduire les niveaux de particules fines et de dioxyde d’azote pourrait éviter une grande partie de ces maladies. Santé publique France estime que respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) permettrait de prévenir 75 % des cas liés aux particules fines et près de 50 % de ceux causés par le dioxyde d’azote.
L’impact économique de cette pollution est également considérable. Le coût annuel est évalué à 12,9 milliards d’euros pour les particules fines, soit environ 200 euros par habitant, et 3,8 milliards d’euros pour le dioxyde d’azote, soit 59 euros par habitant. Ces montants englobent les dépenses médicales, les pertes de revenus liées aux arrêts maladie et la dégradation de la qualité de vie des patients.
Face à ces enjeux, une nouvelle directive européenne prévue pour 2030 vise à durcir les normes de qualité de l’air. Toutefois, les experts rappellent que seul un alignement sur les recommandations de l’OMS permettra de réduire significativement les impacts sanitaires et économiques. Les politiques publiques doivent ainsi renforcer les efforts sur la réduction des émissions polluantes issues du trafic routier, du chauffage au bois, de l’industrie et de l’agriculture.
En juin 2023, la justice française a condamné l’État pour la première fois à indemniser des victimes de la pollution de l’air, reconnaissant son rôle dans l’aggravation de maladies respiratoires chez des enfants. Une décision qui pourrait ouvrir la voie à d’autres actions en justice contre l’inaction des pouvoirs publics.