En cette saison estivale, les responsables politiques français semblent avoir délaissé les traditionnelles cartes postales pour se tourner vers un mode de communication plus formel et solennel : la lettre. De nombreux acteurs politiques, à commencer par le président Emmanuel Macron, ont pris la plume pour s’adresser directement aux Français et aux élus, dans un contexte de crise politique.
Emmanuel Macron a initié cette vague épistolaire avec deux lettres adressées aux Français. La première, envoyée après les élections européennes, visait à justifier la dissolution de l’Assemblée nationale et à appeler à éviter la prise de pouvoir par les extrêmes. La seconde, publiée après le second tour des législatives, invitait les « forces républicaines » à bâtir une « majorité solide ».
Mais le président n’est pas le seul à avoir succombé à cet exercice. Dès la fin des Jeux olympiques, Lucie Castets, figure du Nouveau Front populaire (NFP), a adressé une lettre aux députés et sénateurs des « groupes républicains » pour recentrer les priorités de son mouvement autour de cinq axes : le pouvoir d’achat, la bifurcation écologique, l’éducation, la santé, et une fiscalité plus juste. Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée, a ensuite emboîté le pas en détaillant son « programme d’action pour une majorité d’urgence nationale » à ses homologues.
Gabriel Attal, désormais patron des députés d’Ensemble pour la République, a également pris part à cette fièvre épistolaire en envoyant une lettre aux chefs de groupe à l’Assemblée, les exhortant à « bâtir des compromis législatifs ». Stéphane Séjourné, président de Renaissance, a suivi avec une missive similaire.
Cette frénésie de lettres n’est pas sans rappeler de grands précédents historiques, comme la « Lettre à tous les Français » de François Mitterrand en 1988. Cependant, la multiplication des courriers cet été révèle autant une tentative de créer l’événement qu’une difficulté à communiquer directement dans un climat politique tendu.
Au sein de la classe politique, les réactions sont partagées. Tandis que certains voient dans ces lettres une tentative de main tendue, d’autres, comme les membres du Nouveau Front populaire, les interprètent comme des clins d’œil à la droite dure. Malgré tout, un consensus émerge sur la nécessité de trouver des compromis pour sortir de l’impasse politique actuelle. Reste à savoir si ces échanges épistolaires réussiront à débloquer la situation.