La militante Rokhaya Diallo accuse la France de perpétuer un racisme systémique

04 octobre, 2024 / Entrevue

Lors de son intervention devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le mercredi 2 octobre à Genève, Rokhaya Diallo, activiste anti-raciste et journaliste, a pris la parole pour défendre les droits humains et les libertés fondamentales des Africains et des personnes d’ascendance africaine. Elle a débuté en évoquant l’image de « pluralité heureuse » que la France, hôte des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, a tenté de projeter cet été. Cependant, elle a dénoncé l’interdiction faite aux sportives musulmanes portant un foulard de participer aux compétitions nationales, alors que leurs homologues étrangères ont pu jouer librement. Pour elle, cette exclusion reflète une « interprétation stigmatisante du principe de laïcité » en France.

Diallo a ensuite abordé la question du racisme systémique, qu’elle qualifie de produit d’une longue histoire d’esclavagisme, de colonisation et de dévalorisation des groupes marginalisés. Ce racisme systémique, selon elle, continue d’influencer nos sociétés et de laisser des impacts dévastateurs, notamment sur la santé des femmes noires. Elle a cité les États-Unis, où les femmes noires ont trois à quatre fois plus de risques de mourir de complications liées à la grossesse que leurs homologues blanches. Elle a également mentionné des cas tragiques en France, comme celui de Naomi Musenga en 2017 et d’Aya en 2022, qui ont perdu la vie parce que leurs douleurs n’ont pas été prises au sérieux par les services d’urgence. Ces exemples, selon elle, illustrent la manière dont « le racisme médical entraîne des pertes de vies humaines dans l’indifférence générale ».

La militante a aussi abordé la question de la liberté d’expression des femmes non blanches, qu’elle estime « singulièrement entravée ». Sous-représentées dans l’espace public, elles sont découragées de parler de questions raciales. Celles qui osent s’exprimer subissent des représailles, allant de menaces de viol et de mort aux procès-baillons. Diallo a conclu en insistant sur la nécessité de protéger « les vies et les voix des groupes vulnérables » et en affirmant que « le racisme structurel est profondément ancré ».

Pourtant, ses prises de position sont critiquées par certains, qui voient en elles une contradiction. Rokhaya Diallo dénonce un système qui, selon ses détracteurs, la favoriserait en réalité. En effet, elle est une figure médiatique bien présente sur de nombreux plateaux de télévision, radios et dans la presse, tant française qu’internationale. Elle collabore avec des médias comme Canal+, LCI, BFMTV, et écrit pour des journaux tels que The Guardian et The Washington Post. L’écrivain Laurent Obertone a d’ailleurs pointé du doigt cette situation, accusant Diallo de bénéficier de privilèges tout en critiquant le système : « Mieux payée qu’un député pour dire aux petits blancs qu’ils le sont trop », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Diallo avait déjà suscité une polémique cet été, le 8 juillet, sur l’antenne de BFMTV, en critiquant le manque de diversité au sein du Nouveau Front Populaire. L’avocat Charles Consigny avait alors réagi en dénonçant ce qu’il considère comme une « approche racialiste », qualifiant les propos de Diallo de « honteux » et « racistes ». La militante lui avait répondu, sur un ton ironique : « Pauvre petit chou, Charles Consigny est victime de racisme anti-blanc ».

Malgré ces controverses, Rokhaya Diallo continue de plaider pour la reconnaissance et la protection des droits des groupes vulnérables, qu’elle estime bafoués par un racisme systémique profondément ancré. Pour elle, il est urgent de garantir la liberté d’expression de tous, y compris celle des femmes non blanches qui, selon ses mots, demeurent « singulièrement entravées » dans l’espace public.