La plus ancienne fabrique d’accordéons de France, Maugein, a rouvert ses portes après sa liquidation judiciaire en septembre 2024. Christophe Sirgues, ancien employé de l’entreprise, a pris la tête de cette manufacture emblématique de Tulle (Corrèze), avec le soutien de trois autres salariés et d’investisseurs privés. Leur objectif : préserver un savoir-faire centenaire tout en adaptant la production aux réalités du marché.
Fondée en 1919, Maugein a traversé les décennies en incarnant l’excellence de l’accordéon artisanal français. Cependant, la concurrence des modèles asiatiques à bas coût et un déclin de la demande ont fragilisé l’entreprise. Pour relancer l’activité, les nouveaux propriétaires ont dû réduire la masse salariale et repenser la production. Désormais, l’atelier prévoit de fabriquer 80 instruments par an, contre 120 auparavant, et mise sur des modèles haut de gamme, conçus pour durer et attirer musiciens professionnels comme amateurs.
Le projet, qui s’est concrétisé sans subventions publiques, repose sur une nouvelle stratégie : recentrer l’activité sur l’accordéon, abandonner la production de certaines pièces au profit de la sous-traitance et maintenir l’atelier d’ébénisterie, l’accordage et l’entretien sur place. Pour Christophe Sirgues, interrogé par France 3 Régions, il était impensable de laisser disparaître cet héritage : « Je ne pouvais pas laisser cette entreprise mourir. J’y ai trop d’attaches personnelles. »
Avec une première vague de clients déjà au rendez-vous, la manufacture espère retrouver une place forte sur le marché de l’accordéon en France. En s’appuyant sur son label “Entreprise du Patrimoine Vivant”, Maugein entend démontrer que l’artisanat français a encore de beaux jours devant lui.