La majorité absolue, accessible à « l’UMPS »

09 juillet, 2024 / Entrevue

Au lendemain du second tour des législatives anticipées, les Français découvrent un hémicycle sans majorité absolue ni même majorité relative. 

Le groupe majoritaire arrivé largement en tête est le Nouveau Front Populaire, alliance de la gauche et de l’extrême-gauche. Mais malgré leurs 184 élus (LFI, PCF, EELV, PS) ou 194 en comptant les Divers Gauche, ils sont encore loin de la majorité absolue fixée à 289 plus un élu. 

La majorité pourrait alors se profiler du Nouveau Front Populaire, excepté La France Insoumise incotoyable pour le gouvernement, jusqu’au camp d’Edouard Philippe avec Horizons ? Mais la majorité absolue ne serait toujours pas accessible, à 10 sièges près : 

Pour gouverner et surmonter cette profonde crise politique, Emmanuel Macron a besoin de sa majorité. S’il ne peut l’atteindre avec la gauche-extrême, faut-il se tourner vers la droite centriste ? Même s’ils récupéraient les régionalistes du groupe LIOT, ils ne dépasseraient pas les 240 élus. 

La seule alternative semble donc le retour de « l’UMPS », l’alliance de l’UMP (les LR dissidents du canal historique) au Parti Socialiste. Emmanuel Macron aimant en finir avec les clivages gauche-droite, cette hypothèse est encore la plus plausible : 

En claquant la porte au nez de leur président Éric Ciotti, les Républicains se sont immédiatement rapprochés des centristes, d’Horizons et de Renaissance. Que se soit un soutien officiel, par le logo apposé sur leur affiche de campagne, ou plus officieux par leur réélection due au barrage et au report de voix de la gauche, les Républicains doivent leur siège à Emmanuel Macron. 

Du côté du Parti Socialiste, Raphaël Glucksmann annonçait déjà dans l’entre-deux-tours sa volonté de préparer l’alternance sans Jean-Luc Mélenchon. Gabriel Attal, Olivier Véran, Emmanuel Macron lui-même en sont issus et un rapprochement avec leur parti passé n’est pas inconcevable pour permettre d’éloigner la double menace : Mélenchon et Bardella. Forts d’une majorité absolue de plus de 300 parlementaires, le gouvernement pourrait choisir son Premier ministre dans les rangs du Partis Socialistes, comme François Hollande, ou dans les rangs de la droite, comme Xavier Bertrand qui fait consensus. Pour les unir, Gabriel Attal pourrait aussi rester à Matignon et choisir ses ministres dans leurs formations respectives et ainsi permettre une coalition inédite du PS à l’ancienne UMP. 

Marie Falicon