La mairie de Jœuf veut transformer son église en musée du foot ouvrier, mais le diocèse vise plus haut

La mairie de Jœuf veut transformer son église en musée du foot ouvrier, mais le diocèse vise plus haut

À Jœuf, en Meurthe-et-Moselle, un bras de fer s’est engagé autour de l’avenir de l’église Notre-Dame-de-Franchepré, désacralisée depuis 2017. Ce lieu chargé d’histoire — notamment celle d’Aldo et Michel Platini — est aujourd’hui au cœur d’une querelle entre la mairie et le diocèse de Nancy et Toul, propriétaire du bâtiment et bien décidé à le vendre… au prix fort.

Construit au début du XXe siècle par la puissante famille De Wendel, l’édifice domine l’ancien quartier ouvrier de Génibois. Il incarne un pan de l’histoire industrielle et populaire de la région, où Michel Platini, enfant de chœur à Notre-Dame-de-Franchepré, a grandi. Si l’église n’accueille plus d’offices religieux, elle reste un symbole patrimonial fort pour les habitants et leurs élus.

André Corzani, maire de Jœuf depuis 28 ans, ne décolère pas. « On a mis 400.000 euros dans la rénovation de cette église ! » rappelle-t-il. Une somme financée à l’époque par la mairie, des donateurs privés, mais surtout par des subventions publiques obtenues à la sueur du front de l’élu. « Et aujourd’hui, le diocèse veut nous la revendre 500.000 euros, alors qu’ils l’ont achetée un euro symbolique en 1975, avec trois autres bâtiments. C’est une question de morale ! »

Face à cette revente annoncée, la commune a proposé un projet ambitieux et original : faire de Notre-Dame-de-Franchepré un musée du foot ouvrier et immigré en France. « Ce serait unique », insiste Corzani. Un clin d’œil à la culture locale, au passé industriel de Jœuf et à la figure tutélaire de Platini, enfant du pays devenu légende du ballon rond.

Mais le diocèse, tout en se disant « favorable » au projet municipal, semble davantage séduit par une autre offre : celle d’un acheteur luxembourgeois prêt à transformer l’église en galerie d’art, et à mettre 500.000 euros sur la table. Un montant hors de portée pour la mairie, qui a malgré tout relevé son offre à 100.000 euros. En vain, pour l’instant.

Les négociations se poursuivent, sans échéance claire, mais avec un enjeu très concret : préserver la mémoire populaire d’un territoire à travers un lieu emblématique, et donner une seconde vie à une église désormais vidée de sa vocation religieuse.

Dans cette partie serrée entre foi, finances et foot, la balle est désormais dans le camp du diocèse.

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