François Ruffin, député de la Somme, a fait sa rentrée politique le samedi 31 août 2024 à Flixecourt, un ancien bastion ouvrier de sa circonscription. Ce retour sur la scène politique intervient dans un contexte où le Rassemblement National (RN) gagne du terrain dans des territoires autrefois acquis à la gauche. Ruffin, qui a récemment pris ses distances avec La France Insoumise (LFI) et son leader Jean-Luc Mélenchon, a exprimé ses inquiétudes concernant la montée du RN, notamment dans sa propre circonscription.
Lors de ce rassemblement, qui a attiré plus de 1 500 personnes, Ruffin a fustigé la stratégie de la gauche actuelle, l’accusant d’avoir abandonné les terres rurales comme Flixecourt. Cette petite ville, autrefois un bastion communiste, a basculé en faveur du RN lors des dernières élections législatives, où le parti de Marine Le Pen a recueilli 52% des voix au premier tour, contre 34% pour Ruffin, qui a finalement été élu de justesse.
Le député a mis en garde contre ce qu’il appelle une « lame de fond RN » qui continue de se renforcer, même après les élections. « Sur quelle planète vivent-ils ? Nous, on sait que la lame de fond ne s’est pas arrêtée le 7 juillet », a-t-il déclaré, rappelant que la colère et l’humiliation ressenties par les classes populaires ont été détournées par le RN pour les diriger contre les plus vulnérables, tels que les réfugiés et les bénéficiaires d’aides sociales.
Face à cette situation, Ruffin a réaffirmé son engagement à réconcilier « les bourgs et les tours », appelant à construire des ponts plutôt qu’à ériger des murs. Son discours, teinté de réalisme, reconnaît cependant que la recette qui a autrefois fait son succès ne fonctionne plus aussi bien. Malgré tout, Ruffin reste déterminé à proposer une alternative crédible à gauche, mettant le travail au centre de son projet et plaidant pour une gauche qui détruit les murs au lieu de les ériger.
Cependant, la tâche s’annonce difficile. Nathalie Ribeiro-Billet, la candidate RN battue, a profité de l’événement pour relancer sa campagne en ciblant Ruffin, qu’elle considère comme un adversaire redoutable mais vulnérable. « J’ai du mal contre Ruffin. Je me retrouve face à Fantomas », a-t-elle confié, tout en soulignant que le vote RN devient progressivement un vote d’habitude, presque un vote de classe, dans des régions comme la Somme.
Ruffin, qui n’a plus d’autre attache partisane que son mouvement local, Picardie Debout!, cherche à fédérer au-delà des clivages politiques traditionnels. Il appelle de ses vœux la création d’une « maison commune » à gauche, capable de porter une vision unitaire et de répondre aux aspirations des classes populaires. Malgré les défis organisationnels, Ruffin reste convaincu qu’une majorité peut être trouvée à l’Assemblée nationale pour défendre des mesures emblématiques du Nouveau Front Populaire (NFP), comme l’abrogation de la réforme des retraites et la hausse des salaires modestes.
En somme, François Ruffin se positionne comme l’un des principaux artisans de la recomposition de la gauche, dans un contexte où la montée du RN menace de redessiner durablement le paysage politique français. Sa capacité à rallier des soutiens au-delà des partis traditionnels sera cruciale pour espérer inverser la tendance et proposer une alternative solide aux électeurs désabusés.