La justice de Rennes relaxe des hommes accusés d’injure raciste envers un journaliste
Cette semaine, la cour d’appel de Rennes a acquitté trois hommes, dont le leader d’un groupuscule d’ultradroite et le directeur de publication du site Breizh-info, accusés d’injure raciste et de diffamation à l’encontre d’un journaliste guadeloupéen du quotidien Ouest-France. Cet arrêt est salué par certains comme une défense de la liberté d’expression par d’autres comme la porte ouverte à des dérives racistes.
L’affaire remonte à juin 2021, lorsque Jean-Eudes Gannat, alors leader de l’Alvarium, un groupuscule d’ultradroite dissous depuis, est interviewé par Breizh-info. Dans l’interview, il critique la couverture médiatique des activités de son groupuscule par Ouest-France et fait des commentaires moqueurs envers un journaliste du journal, le qualifiant de « plumitif guadeloupéen ». Ces termes, jugés « péjoratifs et empreints de moquerie » par la cour, sont cependant interprétés comme relevant de la satire politique.
En première instance, le tribunal correctionnel de Rennes avait condamné les trois hommes à une amende de 2500 euros chacun pour diffamation et injure publique en raison de l’origine ou la race. Toutefois, la cour d’appel a annulé cette décision, arguant que les propos, bien qu’acerbes, ne dépassaient pas les « limites admissibles de la liberté d’expression » et s’inscrivaient dans un contexte de débat idéologique ouvert.
Le site Breizh-info a exprimé sa satisfaction, considérant l’arrêt comme une « victoire pour la liberté d’expression ». De son côté, le journaliste visé, Josué Jean-Bart, exprime sa déception et envisage un pourvoi en cassation. Son avocat, Me Jérôme Stéphan, insiste sur le caractère inacceptable des expressions utilisées, rejetant l’interprétation de ces dernières comme de simples moqueries.
Cette décision souligne la tension persistante entre la protection contre les discours de haine et la sauvegarde de la liberté d’expression, surtout dans le contexte politique et idéologique actuel. Elle réaffirme également le droit à la critique dans un débat public, même si celui-ci peut parfois être virulent.