La Hongrie privée d’un milliard d’euros de fonds européens : Viktor Orbán face à la pression de Bruxelles

Entrevue 1

Le 1er janvier 2025, la Hongrie a officiellement perdu plus d’un milliard d’euros de financements européens, à la suite d’une décision de la Commission européenne invoquant des « manquements à l’État de droit ». L’exécutif bruxellois, réputé pour son interventionnisme grandissant, reproche à Budapest une gestion jugée opaque des marchés publics et un manque d’indépendance de la justice. Cette sanction inédite, qui constitue un premier coup de semonce, s’inscrit dans un contexte plus large : au total, près de 19 milliards d’euros, liés à divers fonds européens et au plan de relance post-Covid, demeurent gelés.

D’aucuns y voient une instrumentalisation politique d’institutions communautaires qui peinent à masquer leur hostilité à l’égard d’un dirigeant affichant fièrement son patriotisme. Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán a fermement défendu la souveraineté de son pays, provoquant parfois l’irritation de Bruxelles. Officiellement, le contentieux repose sur des soupçons de conflit d’intérêts et de corruption. En réalité, le bras de fer semble davantage tenir à des visions opposées de l’organisation de l’Union européenne, entre volonté d’indépendance nationale et désir de centralisation accrue.

Le Premier ministre hongrois n’a jamais caché son scepticisme envers la mainmise bureaucratique de Bruxelles. Il rappelle fréquemment que ses gouvernements successifs ont entrepris des réformes structurelles pour moderniser l’économie et garantir la stabilité du pays. Or, selon ses détracteurs, ces mêmes réformes mettraient à mal l’État de droit et saperaient les principes fondamentaux de l’UE. Il n’en demeure pas moins que la Hongrie n’est pas la seule à faire l’objet de soupçons ou de critiques au sein des Vingt-Sept, et l’on peut se demander si la Commission ne ferait pas preuve d’un certain deux poids, deux mesures.

Si Viktor Orbán assure vouloir « ramener l’argent qui appartient légitimement aux Hongrois », Bruxelles brandit la menace de maintenir le gel des fonds tant que Budapest ne donnera pas de garanties jugées satisfaisantes. Certains observateurs notent toutefois que l’action de la Commission européenne, renforcée au fil des ans, peut se transformer en un moyen de pression politique, voire de chantage budgétaire à l’encontre des gouvernements décidés à préserver leur modèle de société et leurs prérogatives régaliennes.

Le prochain rendez-vous politique en Hongrie aura lieu en 2026, lors des élections législatives. D’ici là, il est fort probable que la question des financements européens occupe le terrain médiatique et pèse sur la vie politique nationale. Si Viktor Orbán réussit à tenir tête à Bruxelles, ce pourrait être un tournant marquant pour tous les États membres épris de souveraineté. Dans un continent aux ambitions toujours plus intégrées, la Hongrie se retrouve une nouvelle fois à incarner la voix discordante, celle qui ose dire « non » quand le chœur bruxellois réclame l’uniformité à marche forcée.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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