La guerre au Liban menace de plonger l’économie dans une nouvelle crise, alerte l’ONU

25 octobre, 2024 / Entrevue

La guerre entre Israël et le Hezbollah fait peser une menace croissante sur l’économie libanaise, déjà fragilisée par des années de crises. Selon un rapport publié mercredi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Liban pourrait connaître une contraction de 9,2 % de son PIB en 2024 si les hostilités se poursuivent jusqu’à la fin de l’année.

Depuis le début des frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, de larges pans de Beyrouth ont été réduits en décombres, aggravant une situation économique déjà désastreuse. Kawthar Dara, économiste au bureau du PNUD au Liban, souligne que cette escalade survient alors que le pays est affaibli par des crises politique, économique et sociale profondes. Entre 2018 et 2021, le PIB libanais s’était contracté de 28 %, la livre avait perdu 98 % de sa valeur, entraînant une inflation galopante et une chute drastique du pouvoir d’achat.

Malgré une légère stabilisation de l’économie en 2022 et 2023, la guerre actuelle risque d’anéantir ces frêles progrès. Le PNUD tablait auparavant sur une croissance de 3,6 % pour 2024, mais les nouvelles projections annoncent une contraction sévère si le conflit se prolonge. Le rapport évoque des destructions massives d’infrastructures essentielles, notamment des routes, usines et réseaux électriques, qui ralentiront la reprise économique et compromettront la stabilité à long terme.

En 2006, la guerre entre Israël et le Hezbollah avait entraîné une perte estimée entre 2,5 et 3,6 milliards de dollars, soit 8 à 10 % du PIB de l’époque. Mais selon Kawthar Dara, la situation actuelle est plus alarmante : « Il y avait eu une reprise rapide après 2006, mais aujourd’hui, les donateurs internationaux semblent moins enclins à intervenir pour un pays dont les institutions sont en crise. »

Le rapport souligne que même si le conflit s’arrêtait rapidement, les effets se feront ressentir pendant des années. Le PNUD anticipe une nouvelle contraction du PIB de 2,28 % en 2025 et de 2,43 % en 2026, en l’absence d’un soutien international massif.

Une conférence internationale sur le Liban est prévue à Paris ce jeudi pour tenter de mobiliser des fonds en faveur des personnes déplacées par le conflit. L’ONU a déjà lancé un appel pour une aide de 400 millions de dollars. Le président français Emmanuel Macron a réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu rapide, affirmant que « la guerre doit s’arrêter au plus vite », tout en plaidant pour une mobilisation humanitaire immédiate pour éviter un effondrement total de l’économie libanaise.

En plus de l’aide d’urgence, l’ONU insiste sur la nécessité d’une aide au développement pour reconstruire les infrastructures, stabiliser les institutions et soutenir des secteurs vitaux tels que l’eau, l’agriculture, la santé et l’éducation. Cependant, la capacité de la communauté internationale à répondre à cet appel reste incertaine, et les perspectives économiques du Liban demeurent sombres.