Une note confidentielle, rédigée par l’ambassadeur allemand aux États-Unis, Andreas Michaelis, et adressée à la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, a été divulguée dimanche 19 janvier, à la veille de l’investiture de Donald Trump. Le document, publié par Bild, exprime de vives inquiétudes quant aux « projets de vengeance » et à la « stratégie de disruption maximale » du président élu, ce qui risque de compliquer les relations entre Berlin et Washington.
Dans cette note, le diplomate met en garde contre une possible « concentration maximale des pouvoirs » par Donald Trump, aux dépens du Congrès et des États fédérés. Il critique également l’idée de faire participer des géants de la tech au gouvernement et dénonce des interventions envisagées dans les domaines de la justice et du droit.
Annalena Baerbock a confirmé l’existence de la note, soulignant qu’il est courant pour les ambassades de produire de telles analyses lors de transitions politiques majeures. Cependant, la ministre a cherché à minimiser les tensions en affirmant que Berlin souhaite travailler avec l’administration Trump, malgré les « premiers signes peu encourageants ».
La fuite tombe à un moment délicat : Andreas Michaelis doit représenter l’Allemagne lors de la cérémonie d’investiture de Trump ce lundi. De nombreux observateurs, dont l’ancien ambassadeur Wolfgang Ischinger, qualifient cette divulgation de « toxique », craignant qu’elle nuise aux relations germano-américaines déjà tendues.
Friedrich Merz, chef de l’opposition conservatrice et favori pour la chancellerie lors des élections de février, a critiqué la publication de cette note, qu’il qualifie de « sottise ». À l’inverse, le chancelier Olaf Scholz a adopté une ligne plus critique vis-à-vis de Trump, exprimant ses inquiétudes face aux menaces commerciales et au soutien affiché par Elon Musk à des partis d’extrême droite européens.
L’Allemagne, première économie européenne, redoute particulièrement les conséquences économiques d’une politique protectionniste de la nouvelle administration Trump. Isabel Schnabel, membre de la Banque centrale européenne, a averti dimanche qu’une guerre commerciale pourrait éclater, un scénario inquiétant alors que le pays est déjà en récession.
Face à ces défis, Berlin tente de naviguer entre fermeté et pragmatisme pour préserver ses intérêts et maintenir des relations stables avec la Maison Blanche.