La chute du régime de Bachar al-Assad, survenue le 8 décembre dernier à la suite de l’assaut d’une coalition rebelle menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a précipité l’exil de plusieurs membres de la famille al-Assad et de proches du régime. Parmi eux, Rifaat al-Assad, l’oncle du président déchu, connu sous le surnom de « boucher de Hama », a quitté le Liban pour Dubaï il y a une semaine, selon des sources de sécurité libanaises.
Une fuite facilitée par un passeport diplomatique
Rifaat al-Assad, ancien chef des forces d’élite du régime de Hafez al-Assad et figure controversée de l’histoire syrienne, est accusé de crimes de guerre pour son rôle dans la sanglante répression de l’insurrection de Hama en 1982, qui aurait fait entre 10 000 et 40 000 morts. Âgé de 87 ans, il était en possession d’un passeport diplomatique lorsqu’il a pris un vol depuis l’aéroport de Beyrouth, a indiqué une source anonyme.
Cette même source a précisé qu’Interpol n’avait émis aucune notice à son encontre et qu’aucun mandat ne justifiait son arrestation au Liban. Arrivé par voie terrestre, Rifaat al-Assad aurait quitté le pays « normalement », selon les termes des autorités libanaises.
Outre Rifaat al-Assad, plusieurs membres de la famille du président déchu ont également tenté de fuir. La femme et la fille de son fils, Duraid al-Assad, ont été arrêtées vendredi à l’aéroport de Beyrouth pour avoir présenté des passeports périmés et falsifiés. D’autres proches auraient réussi à quitter le Liban pour Dubaï.
Bouthaïna Chaabane, ancienne conseillère politique de Bachar al-Assad et traductrice de son père Hafez, aurait également pris un vol depuis Beyrouth pour rejoindre Abou Dhabi. Elle avait traversé la frontière libanaise peu avant la chute du régime.
Rifaat al-Assad est une figure clé du clan familial, ayant longtemps été un pilier du régime de son frère Hafez avant de tenter un coup d’État en 1984. Exilé en France pendant 37 ans, il avait été condamné en 2020 à quatre ans de prison pour blanchiment de fonds publics syriens. Il avait finalement regagné la Syrie en 2021 pour éviter cette peine.
Bien qu’il soit accusé par le parquet suisse de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, les procédures judiciaires contre lui pourraient être abandonnées. Les autorités suisses ont récemment évoqué ses problèmes de santé comme un obstacle à son procès, suscitant l’indignation des parties civiles.
Un régime en déroute
La chute de Bachar al-Assad marque une page dramatique de l’histoire syrienne. L’exode de la famille al-Assad et de ses proches symbolise l’effondrement d’un pouvoir qui a régné sans partage pendant plus de cinq décennies. Alors que certains cherchent refuge dans le Golfe, d’autres, moins chanceux, sont désormais confrontés aux conséquences de leur appartenance à un régime accusé d’atrocités.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour le futur de la Syrie, alors que le nouveau pouvoir en place s’engage à limiter son ingérence dans les affaires libanaises, marquant un tournant dans les relations régionales.